Humeurs en vrac d'une chroniqueuse

Humeurs en vrac d’une chroniqueuse

Par Journal l'Écho d'en Haut le .

J’me marie, j’me marie pas, j’fais une sœur.

Toute petite, je me rappelle avoir effeuillé la marguerite un pétale à la fois en répétant cette petite phrase anodine qui, à l’époque, devait sceller mon avenir à tout jamais. Un pétale à la fois, oui je sais, ce n’est pas joli au masculin mais c’est ainsi, on doit dire, un pétale.

Donc, un pétale à la fois je la récitais à voix haute, pour augmenter mes chances d’être entendue j’imagine…j’me marie, deuxième pétale, j’me marie pas, troisième pétale, j’fais une sœur.

Bien sûr, mon souhait le plus profond à l’époque était de ne pas finir ma marguerite avec pour seul pétale celui m’annonçant que j’allais devoir entrer au cloître.

Tel que je me connais j’ai probablement dû tricher en prenant une autre fleur pour tenter de conjurer mon sort. Faire une sœur dans les années 70 n’était plus trop à la mode.

Cependant, à l’époque, je ne rêvais pas non plus du mariage avec la robe blanche et la longue traine. Non, moi, je souhaitais une union libre et sans anicroches. Quelque chose ressemblant à un long fleuve tranquille où l’amour ne ferait pas trop de vagues. J’ai été exaucée à quelques reprises. Puis un jour, comme tant d’autres gens autour, je me suis retrouvée devant la possibilité de finir mes jours seule.

Prise de panique j’ai tenté de me convaincre tant bien que mal que je ne devais pas forcer le destin, que l’homme idéal pour moi devait bien se terrer au fond du détour d’un rang à numéro de la région. Tout ce que j’avais à faire au fond serait d’ouvrir l’œil et d’être à l’affut d’une manifestation de Cupidon. Quand je parle à mes amis célibataires nous en venons tous à la même conclusion. Le fond du détour du rang à numéro ne regorge pas non plus de cette denrée rare qu’est « la bonne personne » Si ça se pouvait, on le saurait.

Mais comment, alors, peut-on rencontrer notre âme sœur de nos jours? Il n’y a plus de bars, haut lieu de la courtisanerie, comme à l’époque. Les endroits publics sont remplis de gens voutés absorbés par leurs téléphones portables, aucune chance de croiser leurs regards pour leur démontrer notre attirance, non, je vous le dis, ce n’est pas une mince tâche de nos jours de s’acoquiner avec quelqu’un.

Il reste, bien sûr, le super marché, endroit par excellence pour jauger de l’état marital de celui ou celle que l’on croise. Un panier plein à ras bord de mets préparés et de fruits emballés individuellement ne sous-entend pas que la personne nourrit une très grosse famille. Mais on ne peut jamais être totalement certain. Mieux vaut se garder une petite gêne et espérer être abordé dans deux ou trois rangées pour un conseil culinaire.

Une fois notre épicerie engloutie, toujours seul et au bord de la déprime il reste une autre option accessible de la maison pour dénicher la perle rare et j’ai nommé, le site de rencontre.

Quiconque ayant déjà fréquenté ce genre de site peut témoigner de la complexité de l’aventure. Alors qu’on croit de prime abord que ce sera facile et rapide, la réalité en est tout autre. Il faut en tout premier lieu s’inscrire, se décrire physiquement et énumérer ses préférences. Il faut être assez précis pour qu’un premier tri se fasse à la lecture de notre fiche et juste assez vague pour attirer le lecteur à vouloir en savoir plus sur nous. Ensuite vient une série de messages tous plus accrocheurs les uns que les autres, généralement écrits par le concepteur du site qui a pré-mâché les phrases pour nous. À ces messages sont greffés des fiches telles que celle que l’on a remplie, parfois bourrées de fautes d’orthographe, et souvent remplies de mensonges. C’est là que ça se corse. Comment flairer le bon spécimen. Celui qui est sérieux dans sa démarche, celui qui n’aura pas jeté 25 lignes à l’eau dans l’attente qu’un poisson ne daigne mordre à l’hameçon? Je vous le dis, ce n’est pas simple. Puis une personne ressort du lot, elle a sensiblement les mêmes visées que nous. Simple, accessible et honnête, ça s’annonce bien. Puis … des papillons s’installent au creux de nos ventres et on se remet à rêver au printemps et à la marguerite que l’on pourra effeuiller pour le plaisir.

N.D.L.R. : Cette chronique «Humeurs en vrac d’une chroniqueuse», sera publiée mensuellement dans votre journal. Nous avons eu l’idée de lancer cette chronique qui se veut un moment de lecture amusant, de réflexions et d’échanges sur différents sujets mélangés d’émotions de la vie quotidienne.
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2 commentaires

Diane Bérubé dit :

Chère chroniqueuse, ton texte me fait bien réfléchir sur le passé, le présent et l’avenir !! Merci pour ton beau partage ! 🙂

Réjeanne Leclerc dit :

Que de beaux et bons souvenirs de notre enfance. Je ne connais aucune petite fille qui n’essayait pas ce petit truc amusant. ?

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