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Bâtisseur de Saint-Marcel

Par Patrick Charbonneau le dans bâtisseurs, Boutier.

Ferme Boutier de Tomy Boucher

Le 16 août 1933, Eugène Boucher, fils de Pierre Boucher et d’Apolline Tremblay, épouse Agnès Bernier, fille de Léon et de Virginie Dancause. Les jeunes mariés s’établissent sur une « petite terre négligée et pauvre, mais riche en roches… »1. En 1968, leur fils Yoland, époux d’Adrienne Pelletier, prend la relève de son père. En 1999, il passera à son tour le relais à son fils Pierre, époux de Chantal Bernier. Finalement, en 2017, Tomy, le fils de Pierre et de Chantal prend le relais de son père.

Des animaux du tout début (la ferme a fait l’élevage des vaches laitières et des cochons) il ne reste rien. Mais les 300 entailles de 1954, dont l’eau était recueillie à la main et évaporée dans un chaudron sur un feu de bois, se sont multipliées presque par cent! Maintenant gestionnaire de près de 28 000 entailles, Tomy Boucher est notre nouveau bâtisseur du mois. Nous l’avons rencontré au site du Rang 4 où sont installés les équipements d’évaporation.

Tomy quel cheminement avez-vous suivi pour prendre la relève de l’érablière familiale?

D’abord, Je suis né à Saint-Marcel et j’aime ma région. Pas question pour moi d’aller travailler ailleurs. Ensuite, j’adore l’acériculture et les travaux forestiers et agricoles. J’ai donc fait mon cours d’études collégiales en Technologie du Génie agromécanique à l’Institut de technologie agricole de Saint-Hyacinthe. Cette formation porte sur tous les équipements qui sont requis pour la production agricole. C’est une excellente formation pour un futur gestionnaire en agriculture et en acériculture. Après mon DEC, je suis revenu à Saint-Marcel et suis devenu partenaire de la Ferme Boutier en 2017.

Décrivez-nous un peu la structure géographique de la Ferme Boutier.

Nous avons quatre sites de production d’eau d’érable : L’érablière de Saint-Marcel compte 3 000 entailles. Nous avons aussi le site principal du Rang 4 de Saint-Adalbert, avec 13 000 entailles, un site secondaire, toujours dans le Rang 4 avec 7 500 entailles et finalement, nous louons 4 000 entailles de mon oncle à Saint-Adalbert. Nous avons donc 27 500 entailles dont 4 000 en location. Notre production annuelle joue dans les 90 000 à 95 000 livres de sirop annuellement.

La ferme emploie combien de personnes?

Nous avons quatre employés. Dominique Morissette, Kevin Royer, Yan Boucher (mon oncle) et Alexandre Bernier qui fait le transport de l’eau des sites périphériques au site d’évaporation. Mon père vient aussi donner son coup de main pendant la période de production qui va de la fin février jusqu’à la fin avril.

Dominique Morissette est une femme. Est-ce qu’il y en a beaucoup dans l’industrie acéricole?

Il y en a beaucoup plus qu’on pense et elles remplissent tous les rôles! On ne compte pas le nombre de femmes qui travaillent dans les érablières mais c’est presque une par entreprise. Je dirais que pour le travail dans l’érablière, elles sont plus minutieuses que les gars! Le travail de Dominique est de très grande qualité : c’est elle qui s’occupe des chutes, des fuites et de la bonne marche du système de tubulures.

Dominique Morissette est responsable des chutes, entre autres, dans l’érablière. On la voit ici en train d’expliquer à Tomy une intervention sur une de ces chutes. Tomy est très fier de la qualité du travail de son employée.

Comment se déroule la saison de travail à la Ferme Boutier?

L’entaillage débute vers la mi-janvier et se poursuit jusque vers le 20 février, tout dépend de la saison et de la température. La période de production va de la mi-février jusqu’à la fin avril parfois. Encore là, tout dépend de l’hiver, de la température, de la neige et du genre de printemps! Le nettoyage des équipements; évaporateurs, osmose, pompes etc. se fait en mai, en même temps que le désentaillage, le nettoyage des tubulures et l’injection d’alcool dans les chutes. Cette opération sera reprise à l’automne avec la « tournée des branches » pour voir si aucune branche ou arbre n’a endommagé les tubulures.  S’il y a des tubulures ou des lignes à changer ou de nouvelles lignes à installer, c’est aussi à l’automne que cela se fait.

Pendant l’été, nous effectuons les travaux de sylviculture qui vont des coupes à forfait aux travaux d’entretien pour maintenir nos érablières en santé. Ce n’est pas le travail qui manque et les employés comme Dominique et Kevin connaissent leur travail et gèrent leur horaire comme ils l’entendent.

Avec près de 28 000 entailles, comment Peut-on savoir quand, où et comment intervenir pour maintenir l’érablière à son niveau optimal?

C’est beaucoup plus facile aujourd’hui avec les nouvelles technologies de l’information. Pendant la grosse saison de production par exemple, Dominique reçoit une alerte sur son téléphone s’il y a une chute de pression. Le système lui dit exactement sur quelle ligne principale elle doit intervenir ce qui la rend très efficace. De même, nous connaissons en temps réel le niveau d’eau de chacun des réservoirs de nos stations de pompage. Nous savons donc exactement quand aller chercher l’eau des sites périphériques pour la ramener au site principal pour l’évaporation. Nos systèmes d’osmose sont aussi surveillés et des alertes sont émises en cas de problème. C’est un système sophistiqué qui nous rend de très grands services!

Avez-vous des projets d’avenir pour la ferme Boutier?

Avec notre personnel et l’équipement dont nous disposons, nous pourrions gérer environ 35 000 entailles. C’est donc mon objectif d’ici cinq à dix ans mais cela se fera en respectant notre capacité de croissance. Bien sûr, une occasion pourrait toujours se présenter entre temps et nous l’étudierons. Mais un horizon de cinq ans me paraît réaliste.

Tomy Boucher représente la cinquième génération à développer la ferme familiale. Elle est loin cette terre pauvre mais riche en roches! Il mérite tout à fait son titre de nouveau bâtisseur et fait honneur à quatre générations qui, tour à tour, ont aussi été les bâtisseurs de Saint-Marcel!

La Ferme Boutier comprend quatre sites : un à Saint-Marcel et trois à Saint-Adalbert pour un total de 27 500 entailles.

Photo en page d’accueil : Tomy Boucher devant l’évaporateur de la Ferme Boutier au site de Saint-Adalbert.