Humeurs en vrac d'une chroniqueuseTout L'Islet-Sud

Humeurs en vrac d’une chroniqueuse – La carte mémoire

Par Journal l'Écho d'en Haut le .

J’ai reçu un appel cette semaine qui m’a vraiment fait chaud au cœur.  Une amie de feue ma mère me disait avoir fait du ménage dans ses choses et être tombée sur une carte venant de maman.  Ma mère avait une belle main d’écriture, jamais sa calligraphie ne s’est altérée ou modifiée de son vivant.  Son amie m’a dit : ‘’Je ne veux pas te faire pleurer mais cette carte porte un beau message qui, je crois, te fera plaisir de lire’’. 

Dans l’attente de lire la carte, je me suis rappelée avoir fait une bêtise il y a quelques années.  Quand je suis déménagée, j’ai choisi d’épurer ma nouvelle maison, de me défaire d’une partie de mes souvenirs pour repartir à neuf.  Quelle idée!  C’est en lisant le message de ma mère, écrit il y a plus de vingt ans, que j’ai réalisé mon erreur.  Bien sûr ma mémoire se souvient de plusieurs choses, mais je n’ai pas l’exactitude des sentiments de mes premiers amoureux en tête, mes souvenirs sont flous quand j’essaie de me rappeler de certaines amitiés d’enfant. J’ai jeté mes journaux intimes qui étaient griffonnés de petites anecdotes anodines, mais qui, me feraient probablement sourire dans dix, vingt ou quarante ans quand mes petits-enfants me demanderont comment c’était ma vie dans l’ancien temps.

La mémoire est une faculté qui oublie malheureusement. Non seulement elle oublie, mais parfois elle transforme un peu la réalité au fil des années qui passent.  Elle adoucit les souvenirs trop difficiles et enjolive ceux qui sont plus ternes.  Parfois, la mémoire efface même tous les souvenirs ; si jamais ça m’arrive, je vais encore plus regretter ma purge de paperasse. 

Ma mère a quand même semé, dans ma vie, suffisamment de choses pour que je ne l’oublie pas. Puis, je parle souvent d’elle à mes enfants qui ne l’ont pas connue.  Si jamais ma mémoire s’envole en vieillissant, ils pourront me raconter. 

En ne voulant pas m’encombrer, je me suis délestée d’une partie de moi qui voudrait refaire surface aujourd’hui.  On dirait que j’aimerais puiser dans ma boite à mémoire pour me rapprocher un peu de celle que j’étais jadis :  la jeune fille insouciante qui gribouillait sa vie dans des cahiers aux pages colorées.

Si jamais l’idée de refaire du ménage me reprend, je vais repousser le projet jusqu’à ce que je l’oublie, pour ne plus oublier.  

N.D.L.R. : Cette chronique «Humeurs en vrac d’une chroniqueuse», sera publiée mensuellement dans votre journal. Nous avons eu l’idée de lancer cette chronique qui se veut un moment de lecture amusant, de réflexions et d’échanges sur différents sujets mélangés d’émotions de la vie quotidienne.

Je vous invite à partager vos réflexions en vous rendant sur notre site Internet : echodenhaut.org,  cliquez sur l’onglet « Chroniques » et choisissez celle que vous voulez lire et/ou commenter.

Le journal l’Écho d’en Haut Inc., se garde le droit de modifier, écourter ou encore refuser de publier certains commentaires pouvant causer préjudice.  Au plaisir de vous lire !

Un commentaire

Sylvie Ouellet dit :

Texte très touchant !
J’ai fait malheureusement la même erreur lorsque je suis entrée dans l’adolescence. Comme je me sentais » une grande…» , j’ai donné mes peluches et mes poupées . Je n’en avais plus besoin…Heureusement, j’en ai gardées quelques unes, avec les accessoires que mon père avait faits. Je m’en serais tellement voulu du contraire. Je regrette mon geste, mais au moins, j’ai toujours les plus précieuses. Ouf !

Laissez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *