Un devoir de mémoire Tourville se remémore
Que signifie la date du 11 novembre pour les plus jeunes générations? Celles et ceux qui n’ont pas reçu les confidences et les témoignages de leurs parents ou grands-parents à ce sujet ne peuvent peut-être vivre ces émotions particulières qui envahissent leurs aîné-es en ce jour précis et au long des jours qui le précèdent. Car, déjà dans les semaines avant le 11 novembre, de nombreuses personnes se font un devoir de porter sur elles le coquelicot rouge. Ces fleurs qui coloraient les champs de l’Europe du Nord au temps de la Première guerre mondiale, ornent alors le revers des vestons et des manteaux. Dirigeants politiques, artistes, personnel des médias et de nombreuses personnes, parmi la population en général, se joignent à ce devoir. Garder en mémoire et honorer celles et ceux appelé-es sous le drapeau canadien pendant ces guerres : celles de 1914-1918, de 1939-1945 et de Corée.
La communauté de Tourville a voulu souligner ce sacrifice, lors du centenaire de la fondation de la paroisse Saint-Clément, le 28 juillet 2019, alors qu’elle inaugurait le monument commémoratif sculpté par Clermont Gagnon de Sainte-Félicité. L’artiste y a fusionné des éléments caractéristiques présents pendant l’un ou l’autre de ces trois conflits destructeurs: uniforme, casque et arme. On a projeté de joindre au monument une plaque explicative ultérieurement, pour marquer une continuité dans la commémoration.
Un devoir de respect et de compassion
C’est ainsi que ce 11 novembre 2020, 13 personnes se sont réunies devant le monument pour y inaugurer la plaque de métal réalisée par Carl Lemieux de Lettrage et enseigne SDL de Saint-Pamphile.
La journée était estivale et propice aux rassemblements. À la même date, l’an passé, peu de personnes avaient pu s’y recueillir alors que la température était froide et la neige déjà accumulée. Cependant, cette année, le contexte actuel exigeant prudence et mesures sanitaires exceptionnelles a réduit à 13 le nombre de personnes présentes, toutes respectant les règles de distanciation et le port du masque. Ancien maire et vétéran, Michel Anctil a invité les personnes participantes à garder une minute de silence. Le groupe s’est recueilli avec respect et émotion. La cérémonie fut brève pour éviter la proximité physique, mais cela n’a pas empêché l’unité du groupe partageant ce moment.
Les mots gravés sur une plaque en alupanel rappelant le bronze et accompagnés de coquelicots stylisés sont ceux-ci :
« Hommage à tous les combattants qui ont servi leur pays en temps de guerre, de conflits militaires et de paix.
Tourville 100 ans 1919-2019 ».
Soulignons le mot paix… car des militaires ont reçu comme mission la participation au maintien de la paix, soit pour prévenir des conflits ou à la fin de périodes de guerre. Guerre ou paix, des membres de la communauté de Tourville y sont décédés, y ont été blessés ou en sont revenus non sans traumatismes. Les querelles idéologiques, territoriales ou commerciales entre États provoquent des destructions, mais surtout, font énormément de victimes innocentes. Vouloir défendre son pays et son peuple est honorable, non pas que les volontaires ayant pris l’initiative de s’enrôler ou les conscrits appelés sous les drapeaux par les gouvernements désiraient se battre contre d’autres êtres humains. C’est plutôt par souci du devoir de protection des populations menacées qu’ils et elles ont quitté leurs foyers. Instrumentalisées et devenues boucliers, ces victimes en uniforme ont donné leur vie. Même des survivants ont vu des pans significatifs de leur vie ainsi sacrifiés, étant séparés de leurs communautés et de leurs familles, empêchés d’exercer leurs talents et de réaliser leurs rêves. Quand on a vu tant d’horreurs et de destructions, on n’a plus envie de tenir une arme, même pour la chasse. Nous leur devons respect et compassion.
Que ce soit en visite prévue ou au hasard d’une promenade, on pourra se recueillir devant le monument maintenant complété dans sa dernière phase, en ce jour de l’automne 2020.
