Humeurs en vrac d'une chroniqueuse

Humeurs en vrac d’une chroniqueuse

Par Journal l'Écho d'en Haut le dans Chronique.

Je reviendrai bientôt !

Je suis allée m’asseoir avec elle quelques minutes ou quelques heures, je ne sais plus trop.  J’avais tant de choses à lui confier que je n’arrivais pas à lui dire ailleurs que là, devant la pierre qui porte son nom. 

J’ai commencé par m’excuser de la négliger autant, de ne plus aller fleurir sa maison ni même de ne plus penser à elle tous les jours comme avant.  Quand j’y pense je me trouve bien égoïste et la peur qu’un jour ce soit mon nom négligé sur la pierre noircie du temps qui passe, m’a fait réaliser que je ne pouvais être ailleurs qu’ici au cimetière.

J’aime ces moments passés avec elle dans l’ombrage du gros érable.  J’aime la sérénité qui se dégage de ces rencontres entre moi et ce qui reste d’elle, entre moi et son silence, entre moi et moi.  Pourquoi est-ce dans ce lieu un peu froid que je trouve le plus de mots pour lui parler de mes peurs, de mes joies, de mes peines et mes fiertés de mère, de ma solitude et de mes réussites. 

Le dos vouté, assise en indien dans l’herbe fraichement coupée, un bouquet de lilas volé chez les voisins dans la main droite, j’ai touché le marbre froid pour la saluer doucement.  J’ai levé ma bouteille d’eau pour porter un toast à notre première réunion de 2020 et lui ai expliqué candidement que je venais de passer les 3 derniers mois confinée entre les 4 murs de ma demeure comme le reste de la planète ou presque.  Je l’ai imaginée sourire.  Je crois qu’elle n’aurait pas eu ma discipline. Qu’elle aurait triché, pas qu’elle était tricheuse mais elle était un peu rebelle.  Je lui ai parlé de ma peur au ventre, celle qui me paralyse et qui m’empêche d’être pleinement moi, pleinement libre et pleinement bien depuis qu’un vilain virus menace ma santé et celle des autres.   Je lui ai parlé des enfants et du bébé qui ne viendra pas encore cette fois.  Je lui ai parlé de sa famille qui se porte somme toute assez bien malgré le temps qui laisse des traces sur les cœurs.  Je lui ai énuméré tous ceux qui sont partis cette année.  Je l’ai mandatée, elle aussi, d’aligner les planètes pour que de belles choses se présentent.

Si je me fie à tous mes passages sur sa tombe, je sais que tous mes maux et toutes mes angoisses vont s’estomper en quittant parce que c’est auprès d’elle que j’ai forgé ma confiance et mon amour de la vie. 

Je reviendrai bientôt !

N.D.L.R. : Cette chronique «Humeurs en vrac d’une chroniqueuse», sera publiée mensuellement dans votre journal. Nous avons eu l’idée de lancer cette chronique qui se veut un moment de lecture amusant, de réflexions et d’échanges sur différents sujets mélangés d’émotions de la vie quotidienne.

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