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Chanter notre identité, l’oeuvre de Monique Miville-Deschênes

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Arts.

J’ai eu le plaisir de rencontrer, à Sainte-Perpétue, Monique Miville-Deschênes, autrice, compositrice, interprète, comédienne, animatrice et activiste culturelle. J’ai eu ce privilège par l’intermédiaire de sa cousine Bernadette Demers, ces deux femmes étant de belle connivence depuis leurs jeunes années. Nous avons marché ensemble, toutes trois adeptes convaincues des bienfaits de cette routine pour la santé globale.

Affirmer son identité par la reconnaissance de ses racines

On associe Monique Miville-Deschênes évidemment à Saint-Jean-Port-Joli, tant elle s’y est attachée et s’y est dévouée au dynamisme de la vie culturelle de ce milieu de vie, mais aussi à la définition de notre identité nationale et de celle du Québec des régions. Elle connaît bien Sainte-Perpétue car elle y accompagnait son père, notaire, lors des tournées de celui-ci. L’influence de sa mère et de sa très belle voix fut marquante pour elle. Cette voix comme son répertoire de chansons anciennes n’ont pu que développer le désir de Monique déjà très jeune de chanter, elle aussi. Puis, elle s’est orientée vers nos caractères humains, nos lieux repères, nos liens profonds avec notre Terre d’accueil, nos métissages, nos interrelations. Ce parcours conscient lui a dicté un devoir de mémoire, de témoignage. Elle était déterminée à stimuler l’expression culturelle contribuant à la construction de notre identité.

Une voix distinctive exprimant une voie tracée

Sa voix se distingue de celles des autres. Une profondeur, une vibration, un ton variant selon les émotions exprimant le texte lui sont très caractéristiques. Elle m’a interprété certaines de ses œuvres, des extraits du répertoire traditionnel ou d’autres artistes de la chanson. Elle a chanté un extrait du « Noël huron » en langue wendatte, Jesous Ahatonhia. Sa voix est toujours celle qui l’a tant démarquée, les mots prononcés soulignant leur sens. Elle m’a précisé : « Il faut savoir le dire, pas seulement le chanter! » La voie qu’elle s’est tracée fut celle de décrire des personnages types ou s’étant démarqués dans notre Histoire rurale tout en les fusionnant avec leur environnement physique. « J’avais le goût d’exprimer ce que je vivais, par le texte et le chant. Le monde est trop lié à l’argent. On doit savoir qui on est et où on s’en va. » Elle déplore que trop de gens se soumettent à des conventions, des modes. Il faut construire cette identité, pour la laisser en héritage aux autres générations. Être, pas paraître!

Ses textes décrivent le milieu naturel comme des tableaux peints et elle y campe ses personnages. Elle y entremêle l’humain et le paysage. Tantôt avec humour et parodie dans une critique sociale, tantôt rendant hommage, témoignage et passation des savoirs. Sa description de notre milieu naturel ne peut que nous émouvoir. Elle s’est empressée de me souligner : « On dépend de bien des choses, des autres êtres vivants. Ce sont nos frères et nos sœurs! Le chant renchérit le texte. Il faut écouter la nature. » Monique s’est impliquée aussi par l’action, au sein du Comité culturel de Saint-Jean-Port-Joli et au théâtre de La Roche à Veillon. Elle a publié six livres, enregistré 11 disques, écrit 12 pièces de théâtre.

Au fait, elle recommande pour se garder en santé la marche quotidienne, même quelques minutes, tout en appréciant la nature et ses découvertes. Respirer, relaxer, et pourquoi pas chanter une fois chez soi!

Merci Monique!

Monique recevant une gerbe de foin d’odeur.

Photo en page d’accueil : Monique et Bernadette, éprises des beautés de la nature, saluant cet arbre doyen.