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De la parole à l’écriture avec France Lorrain

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Auteurs, autrices.

Depuis cette année 2022, la Médiathèque L’Héritage de L’Islet-Sud accueille autrices et auteurs dans son café culturel installé dans l’église de Sainte-Perpétue. Ces «Rendez-vous littéraires», sont une initiative de l’enseignante Karina Bilodeau administratrice bénévole à la Médiathèque. L’organisme, pour réaliser cette initiative, a reçu le soutien financier du gouvernement du Québec et de la MRC dans le cadre de l’Entente de développement culturel 2021-2023. Après un tout premier rendez-vous avec Emmy Bois le 19 février dernier, c’est France Lorrain, le 7 mai, qui s’est déplacée de son lieu de résidence à Mascouche, pour découvrir nos Hautes-Terres et partager sa passion de l’écriture avec les personnes présentes.

Une écrivaine volubile et prolifique

On pense souvent qu’une personne qui a choisi l’écriture pour s’exprimer est peut-être moins portée à se confier verbalement. Ce n’est certainement pas le cas de France Lorrain. Elle a tenu en haleine l’auditoire tout au long de la chronologie qu’elle présentait de ses différentes publications, soit plusieurs séries en deux ou trois tomes selon les titres. Institutrice à l’élémentaire, elle est vraisemblablement à l’aise avec le partage de ses connaissances. Elle s’est d’abord lancée dans la production de livres pour enfants. Il faut souligner que France Lorrain fut intéressée et stimulée par l’écriture dès son jeune âge.  Entre autres, pendant un long séjour en Afrique avec ses parents, elle visitait la bibliothèque de la ville et y a ainsi découvert la littérature. Elle a tenu aussi un journal.  Récemment retraitée, depuis un an, son horaire plutôt régulier qu’elle consacre à l’écriture est de 8h30 à 12h30, quotidiennement. Elle écrit un chapitre par jour et ajoute des notes de mise en contexte à la fin de ses livres. Elle ne planifie pas, fonctionnant plutôt «à l’émotion». L’éditrice de la maison d’édition qui la publie l’aide aussi à respecter les cohérences des descriptions, des lieux et du temps.

Des histoires de vie impliquant des personnes résidant dans les lieux où elle passait ses vacances à l’adolescence avec ses parents l’ont inspirée pour sa première œuvre s’adressant aux adultes. Des membres d’une famille, frères et sœurs ont fait la promesse à leur mère de ne jamais se marier. Cette histoire vécue a ainsi été le départ d’un roman d’époque, bien sûr doté d’une trame transformée, qui a comme titre « La promesse des Gélinas », publié en quatre tomes, par Saint-Jean éditeur. Chaque tome relate la vie d’un des quatre membres de cette famille soumise à cette promesse. De ce premier titre, il y eut 125 000 ventes à la première édition et on en est à la onzième réimpression! Puis, ce fut « Au chant des marées », en deux tomes, après un coup de cœur pour l’histoire passée et actuelle de l’Île Verte. Suivit « Marie-Camille , personnage de femme inspirante, infirmière devenue thanatologue. Un autre coup de cœur accompagné de découvertes, cette fois pour la Gaspésie, avec « L’Anse à Lajoie », en trois tomes. Certaines personnes ayant lu cette série souhaitaient un quatrième tome mais, pour elle, l’histoire avait une fin et s’arrêtait là. Elle ne ferait pas le compromis de poursuivre avec une histoire «à l’eau de rose» pour plaire mais était déterminée à dépeindre plutôt la réalité. Des lectrices présentes ont acquiescé avec elle.

Une autrice investigatrice et psychologue

Écrire a toujours été un moyen d’expression privilégié pour elle mais non sans être le résultat de réflexions, de collectes d’informations, d’examen de faits. Dans cette expression littéraire, les détails abondent, les mises en contexte, la logique de son itinéraire avant de se lancer dans le produit final, une œuvre écrite. Elle investit beaucoup de temps pour s’assurer de la cohérence des faits selon les époques. Elle a parcouru plusieurs régions du Québec. Chacune de celles-ci ayant sa personnalité propre, son identité qui la démarque, au point de vue culture ou économie. Des évènements comme l’incarcération de personnes d’origine slave en Abitibi, en région minière pendant la seconde guerre mondiale, l’ont intéressée au point de se pencher par l’écriture sur l’impact de ces faits historiques. C’est avec « À l’ombre de la mine » qu’elle s’y est attardée. Finalement, revenant à son propre lieu d’origine, sa dernière série en cours d’évolution se déroule dans la région de Lanaudière est aussi liée à une époque, celle des grands champs de tabac et du travail avec cette plante avec tout ce que cela implique pour les masses laborieuses de cette période de notre histoire agricole. Un premier tome de « Sur la route du tabac » en a été publié. Un deuxième est prévu pour juin et un troisième suivra en septembre. Les romans policiers l’intéressant, elle travaille actuellement sur un prochain livre dans ce genre littéraire.

Lors de cette rencontre de mai, France Lorrain a refait au fond, en résumé, son parcours de création, étape par étape avec son auditoire, en révélant techniques et anecdotes significatives permettant de concevoir et bâtir une œuvre. Une recette partagée généreusement! À la passion de l’écriture chez elle, s’ajoute celles de la recherche des faits, l’exploration des lieux et la découverte de personnalités humaines. Ce n’est qu’une fois toutes ces conditions remplies et les résultats compilés que le scénario de ces livres se construira et que la définition des personnages sera possible.