Articles des pigistesSaint-Marcel

Nouveau bâtisseur de Saint-Marcel – René Thibault

Par Patrick Charbonneau le .

Passer d’une carrière bien lancée en aménagement de la forêt à acériculteur, avec tout ce que cela comporte de risques, est une décision qui peut être lourde de conséquences, surtout si notre conjointe a aussi lancé sa propre entreprise! René Thibault a fait ce choix en 2009 et ne le regrette pas du tout. Le fils de Jean-Guy Thibault et de France Pelletier est notre nouveau bâtisseur du mois.

René et ses trois fils : Justin, Félix et Élie.

René Thibault, vous avez d’abord travaillé en aménagement forestier avant de vous lancer en acériculture. Parlez-nous de votre parcours.

J’ai suivi le cours d’Aménagement forestier à Duchesnay. C’est une formation très complète qui se donnait sur un an et demi. Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’ai commencé à travailler à la Coopérative de gestion forestière des Appalaches (CGFA) à Ste-Apolline. J’y ai travaillé pendant 22 ans et encore aujourd’hui, je continue de travailler en aménagement forestier pour la CGFA pendant l’été et l’automne quand mon érablière me laisse un peu de temps libre.

J’aime beaucoup la forêt et les travaux sylvicoles Ce sont des interventions qui sont vitales pour la santé de nos forêts. Il faut savoir que les résultats des travaux forestiers d’aujourd’hui vont se réaliser parfois dans dix, vingt ans. Il faut donc les voir comme des investissements à long terme pour les générations futures.

Le travail acéricole n’aura plus de secret pour les garçons de René et Marie-Claude, elle-même passionnée par l’acériculture!

En plus de la foresterie et de l’acériculture, vous avez une autre passion. Quelle est-elle?

J’adore le motocross! Il y a une vingtaine d’années, j’ai acheté une terre le long de la route 285 et j’ai commencé l’aménagement d’un circuit de motocross. À l’époque, j’étais un passionné et mes amis et moi n’avions pas d’endroit pour pratiquer notre sport. J’ai eu la piste pendant quinze ans et je l’ai vendue, il y a environ six ans, à Sébastien Mercier qui a poursuivi les compétitions. Je suis encore très fier d’avoir lancé cette activité qui a pris beaucoup d’ampleur et que Sébastien a poursuivie en continuant à la développer. Cela apporte une très belle visibilité à notre région car on vient de partout au Québec pour le Super motocross de Saint-Marcel.

Parlez-nous maintenant de l’acériculture, comment êtes-vous devenu acériculteur?

J’ai acheté ma première érablière en 2009. J’avais  6 500 entailles que j’ai pu monter à 8 000 lors de l’attribution de nouveaux contingents par la Fédération. J’ai exploité mon érablière pendant près de dix ans puis, j’ai acheté l’érablière familiale qui comportait 20 000 entailles. Ma conjointe, Marie-Claude, a aussi racheté l’érablière de ses parents. Elle possède 4000 entailles et je loue une érablière d’environ 5000 entailles. En tout, je m’occupe de 37 000 entailles en plus des travaux d’aménagement pour la CGFA. Cela me tient occupé!

C’est en effet beaucoup de travail, comment y arrivez-vous?

J’embauche un employé, parfois deux lors de l’entaillage et je peux compter sur l’aide de mon père et de mon beau-père ainsi que sur celle de Marie-Claude qui vient donner un bon coup de main pendant la grosse période de travaux.

L’acériculture semble simple pour les non-initiés. Parlez-nous un peu du fonctionnement de cette industrie.

Il faut savoir que l’industrie est régie par la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) qui fait partie de l’Union des producteurs agricoles du Québec. La FPAQ émet des contingents de production et achète toute la production de chacune des érablières du Québec. Même lorsqu’un producteur livre son sirop par exemple à Citadelle, qui est une coopérative de producteurs de sirop d’érable, Citadelle fait rapport à la FPAQ qui va facturer le sirop à Citadelle et payer le producteur. Le système est bien rodé et fonctionne bien.

Si tout le sirop va à la FPAQ, comment est gérée la qualité du sirop?

Tout le sirop est classé par le centre Acer et la production d’un acériculteur fera partie de plusieurs classes de sirop selon le temps de la récolte et d’autres paramètres qui influencent la qualité de la production. Les acériculteurs sont payés pour la qualité et pour la quantité de sirop qu’ils produisent.

Vous parlez de qualité du sirop. Quels sont les facteurs qui influencent cette qualité?

Je dirais qu’il y a trois facteurs principaux : le sol forestier, la température qui prévaut au printemps pendant la récolte et la fabrication. Le sirop d’érable pourrait être comparé au vin en ce qui a trait au sol forestier. Différents types de sol vont influer dans un certain sens sur la sève que produira l’érable. La température lors du temps des sucres joue aussi un rôle majeur. La température peut nous être favorable et nous aurons alors une récolte exceptionnelle. Mais on a vu des années où la récolte a été médiocre. L’acériculteur, comme tous les autres agriculteurs, dépend de la météo! Finalement, le dernier facteur est la production du sirop elle-même et c’est là que les acériculteurs ont un rôle important. La technique utilisée pour faire bouillir la sève va influencer grandement le goût du sirop.

À titre d’entrepreneur, comment voyez-vous l’avenir de Saint-Marcel?

Quand je regarde le nombre de jeunes entrepreneurs qui ont lancé ou repris des entreprises à Saint-Marcel, quand je vois le nombre d’enfants à la garderie et à l’école, je vois l’avenir de notre village avec optimisme. Cependant, on ne doit pas lâcher et continuer de travailler pour que tout ce qui a été bâti jusqu’à maintenant continue de se développer pour que notre village grandisse. Nous avons la chance de vivre à la campagne avec son rythme de vie beaucoup plus serein que le rythme de la grande ville et nous devrions faire des efforts pour attirer d’autres gens qui veulent partager notre qualité de vie.

L’évaporateur géant qui permet la production de sirop: avec 37 000 entailles, l’équipement doit être à la hauteur des attentes!