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Choisir l’entreprise collective dans L’Islet- Sud

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Entreprise collective.

Dans le contexte du mois de l’économie sociale en novembre dernier, nous avions rencontré Marie-Joël Bergeron-Savard, installée dans nos Hautes-Terres, et qui nous avait expliqué son mandat reçu de la Table régionale d’économie sociale de Chaudière-Appalaches. *  Nous tenterons aujourd’hui d’imaginer quels impacts et quelles solutions cette option économique apporterait au bien-être collectif et individuel dans nos communautés rurales, précisément.

Entrevue

Marie-Joël, on entend parler davantage d’économie sociale et d’achat local maintenant qu’auparavant. Mais, est-ce que le grand public connaît bien la différence entre entreprise collective et entreprise privée? Pouvez-vous nous guider à ce sujet?

La grande différence est la mission première, celle de donner accès à des produits et services avant tout, non de faire des profits et de les accumuler. Ensuite, les membres détenant des parts sociales donnent leur avis facilement ayant le droit de vote alors que dans les entreprises privées, seuls les gros actionnaires ont un pouvoir décisionnel. La structure de l’entreprise est à plus petite échelle, plus accessible, vraiment collective. Dans un organisme sans but lucratif qui a un volet d’économie sociale comme dans une coopérative, chaque membre détient un droit de vote et le droit de poser sa candidature au conseil d’administration. Il faut souligner que ces entreprises doivent viser l’autofinancement et ne pas compter que sur des subventions car une telle dépendance ne sera pas un gage de survie. Les profits encaissés deviennent un fonds de réserve permettant justement de s’ajuster selon les contextes financiers. D’autres qualités sont l’autonomie, l’intelligence collective et la vision collective.

Quels avantages seraient assez convaincants pour qu’on choisisse cette option plutôt qu’une autre? Lors de notre première rencontre, nous avions identifié plusieurs entreprises coopératives et organismes communautaires ayant un volet en économie sociale chez nous. À quoi pourraient ressembler nos communautés locales si davantage d’entreprises et services de ce genre s’y installaient? Quels secteurs économiques en profiteraient?

Les secteurs peut-être les moins bien favorisés et desservis et qui retireraient bénéfice de cette option seraient celui de lieux de rencontres, type cafés avec activités culturelles, celui de l’agriculture et celui des différents services.  Le regroupement de producteurs et productrices en agriculture sous forme coopérative, par exemple, apporterait un sens à leurs initiatives : l’autosuffisance, la responsabilité de nourrir les gens et les communautés, les soins donnés aux animaux d’élevage ou qui fournissent des produits alimentaires. Ces regroupements peuvent concerner autant la relève que des personnes avec une longue expérience.

Enfin, Marie-Joël, pourquoi choisirions-nous d’acheter les services  ou produits provenant des entreprises d’économie sociale plutôt que ceux de la grande entreprise privée basée sur la quête de profits seulement?

D’abord, pour installer et garder un service localement, donc à proximité. Ensuite, pour maintenir des emplois locaux et régionaux mais aussi assurer de meilleures conditions pour le personnel. Puis, en conservant dans le milieu l’argent qui circulera dans un circuit court. Enfin, les entreprises d’économie sociale favorisent la participation des membres aux décisions, la réponse aux besoins concrets et exprimés.

On peut donc conclure que de telles entreprises peuvent avantageusement fonctionner en réseaux complémentaires et de soutien mutuel. Les regroupements vont favoriser les initiatives, leur réalisation et leur continuité.

Pourrait-on envisager sous peu des petites introductions et formations en téléconférences pour s’en inspirer et obtenir un accompagnement vers une démarche concrète? Si oui, elles s’adresseraient à quels groupes en particulier et comment pourrait-on s’y inscrire?

Oui, parce qu’il faut connaître la formule pour ce type d’entreprise! Des rencontres  seront possibles pour différents groupes et pour les municipalités également. Les personnes intéressées pourront communiquer avec moi en me joignant par courrier électronique ou par notre page Facebook. Voici les coordonnées :  sismic@tresca.ca  418-264-7728            facebook.com/economiesocialeca

Pour  terminer, au point de vue financier, plus les produits et les services locaux seront produits et achetés localement, évitant les frais et pertes encourus  d’une distribution éloignée, plus les prix pourront devenir avantageux pour la clientèle membre. Les coopératives, par exemple, vont pouvoir offrir une ristourne à leurs membres selon le pourcentage d’achats effectués dans une année.  De plus, une coop et ses membres pourraient obtenir des crédits d’impôt et déductions pour ristournes en parts privilégiées. N’oublions pas que plus un produit vient de loin, plus il y a un impact sur l’environnement par son transport et moins on a un contrôle sur sa qualité, ses sources d’approvisionnement et les conditions de travail.

Dans notre prochaine chronique, nous vous présenterons nos entreprises collectives exemplaires du sud de la MRC.

*  Page 7 de :  https://echodenhaut.org/wp-content/uploads/2020/12/Journal-du-16-dec.-20.pdf