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Sous-lieutenant Jules Samuel Leclerc – « Vérité, Devoir, Vaillance »

Par Journal l'Écho d'en Haut le .

Suite au  questionnaire que j’ai fait parvenir à Jules, fils de Francis Leclerc et de Sophie L’italien de Saint-Pamphile, j’ai décidé de publier l’intégralité de ses réponses. Il a su de façon exceptionnelle nous peindre le parcours du PFOR (Programmes de Formation des Officiers de la Régulière) qu’il a suivi.

Marie-Ève Francoeur

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Jules se raconte

J’ai d’abord fait mes études collégiales en sciences humaines au Collège militaire royal Saint-Jean (CMRSJ) (www.cmrsj-rmcsj.forces.gc.ca), situé à Saint-Jean-sur-Richelieu au Québec, de 2015 à 2017. Ensuite, j’ai poursuivi mes études universitaires de premier cycle au Royal military college of Canada (RMC) situé à Kingston en Ontario où j’ai acquis un baccalauréat en histoire et une mineure en sciences politiques avec honneurs et spécialisation, de 2017 à 2020.

Lorsque le temps fut venu de me poser la question où est-ce que je vais après mon parcours à l’école secondaire La Rencontre, trois questionnements m’apparurent : est-ce que je veux compléter des études universitaires, est-ce que je veux un travail qui sort de la norme du citoyen « normal » et est-ce que je veux quitter Saint-Pamphile pour poursuivre mon cheminement? La réponse aux trois questions fut oui.

À ce point, ce fut important de choisir un parcours intellectuel et professionnel qui me permettrait de satisfaire ces trois objectifs à la fois. Après quelques recherches, le Programme de Formation des Officiers de la Régulière (PFOR1) de cinq ans offerts par les Forces armées canadiennes (FAC) semblait prometteur.

Je recommande grandement ce programme à quiconque de la région présentement en secondaire 4 et 5 ou 1ère année de cégep qui se demande encore où ils veulent se diriger dans la vie. Collèges militaires du Canada — des universités que se distinguent — CMR (rmc-cmr.ca)

Le RMC est une université et une école militaire hors du commun et très demandant qui teste les élèves officiers (ÉLOF; nom du grade de ses membres) sur quatre piliers : Académique, Leadership, Bilinguisme et Condition physique. Un élève officier doit atteindre la norme dans les quatre piliers sans exception pour se voir graduer du RMC et ainsi recevoir son diplôme universitaire et sa commission d’officier des Forces armées canadiennes (FAC).

Le Royal military college (RMC), contrairement à la pensée générale stéréotypée qu’a la population sur les FAC, promeut la diversité et voit ainsi un très bon ratio homme femme, en faisant une institution universitaire de choix pour les jeunes femmes et les jeunes hommes qui désirent repousser leurs limites intellectuelles et académiques, développer leur langue seconde, leur leadership et leur condition physique comme nulle part ailleurs en seulement cinq ans. En outre, le RMC compte une panoplie de clubs sportifs de niveau universitaire qui font partie de l’OUA (volleyball, hockey, soccer, rugby et escrime) de nombreux sports intramuraux, de nombreux clubs sportifs (aviron, course, voile, natation, judo et taekwondo) et d’une panoplie de clubs récréatifs. Encore une fois, je recommande le PFOR. À ma connaissance, une seule autre personne venant de Saint-Pamphile a complété ce programme à part moi-même.

Le diner régimentaire du RMC (Armée), en février 2020 au Mess des officiers du RMC.

« Les camarades de classes francophones : Groupe des « Vaseux » Champions du tournoi des anciens de Ballon-balai ».

Au sein du PFOR, un Élof reçoit ses études collégiales et universitaires payées en totalité en échange d’années de service militaire. De plus, en étant un membre des FAC les Élofs sont payés pour étudier. Durant l’année académique, mon travail fut de me présenter à chacune de mes classes, obtenir de bonnes notes, pratiquer au moins un sport, de parfaire  mon bilinguisme et de participer aux différentes activités militaires organisées par le RMC.

De plus, la vie quotidienne d’un Élof est basée sur le modèle militaire, ce qui inclut l’inspection matinale, le « drill », le port de l’uniforme, l’étiquette militaire et la chaîne de commandement militaire. Lors de la période estivale, dépendamment du métier, un Élof participe à ses formations militaires professionnelles qui sont données dans les centres d’instruction des FAC situés partout au Canada, durant en moyenne trois mois.

Graduation du CMRSJ, en mai 2017, avec le Lieutenant-général (ret.) Michel Maisonneuve au Collège militaire royal Saint-Jean.

Ce train de vie est très exigeant et très dur par moment, mais très gratifiant, permet de forger de fortes amitiés et un réseau de contacts de très haut niveau (il s’agit seulement de lire quelques-uns des diplômés de renommée du RMC pour comprendre combien ce réseau est important).

  Le PFOR requiert de déménager à Saint-Jean-sur-Richelieu et ensuite Kingston Ontario. Durant les saisons estivales, je suis demeuré à la BFC Valcartier et à la BFC Gagetown au Nouveau-Brunswick.

  Présentement je suis attaché à la BFC Kingston en attente de mon affectation, cela étant retardé par une blessure pour laquelle je suis en train de me remettre. Pour le futur, je souhaite être affecté à la BFC Valcartier et je commence prochainement mes études universitaires de 2e cycle à la maîtrise.

  Environ deux semaines après mon bal de finissant de l’école secondaire La Rencontre, je me suis dirigé à l’École de recrues des FAC à Saint-Jean-sur-Richelieu pour débuter ma Qualification militaire de base des Officiers (QMBO) à l’été 2015. Immédiatement après la fin du module 1, je me suis rendu la journée même au CMRSJ pour entreprendre le Programme d’orientation de première année (POPA) qui est, pour être honnête, exponentiellement plus demandant que le QMBO et certaines autres formations militaires. Le POPA dure cinq semaines pour ma cohorte et prépare tous les Élofs aux standards du RMC. À la fin de la course à obstacles de deux heures du POPA, la parade des badges a lieu où les Élofs ayant complété avec succès le POPA se voient recevoir le badge du RMC.

À la fin de ma première année, je suis retourné à la MEGA pour compléter le module 2 du QMBO. Durant mes deux années au CMRSJ, je fis partie de l’équipe de hockey. À la fin de ma dernière année , une parade de graduation eut lieu pour souligner notre départ vers le RMC. Mais avant de me rendre à Kingston, je me suis rendu à la BFC Valcartier pour compléter le « Common Army Phase » (CAP).

La parade de graduation de 2019 avec l’édifice Mackenzie en arrière-plan.

Le semestre académique suivant en 2017 fut le début ma première année universitaire au RMC. Lors de cette première année, je fis partie de l’équipe de rugby du RMC, un club sportif historique et honorable. À la fin de celle-ci je me suis rendu à la CFB Gagetown pour la Phase d’officier d’infanterie démontée (DP1.1 Inf), mais durant laquelle je me suis déchiré trois ligaments de ma cheville gauche, me forçant à quitter le cours pour raison médicale. En raison de ma blessure, je dus également quitter l’équipe de rugby. Néanmoins, je joignis l’équipe de judo en hiver 2019, un autre club que je recommande fortement. La malchance me frappa de nouveau lorsque je subis une blessure au bras quelques semaines avant de retourner à la CFB Gagetown, pour laquelle je me remets encore en ce moment, mais qui devrait être rétablie dans les prochains mois.

 Par la suite, j’ai fait mes deux dernières années universitaires de 1er cycle, graduant en mai 2020 où j’ai reçu mon diplôme du RMC et ma commission en tant qu’officier des FAC après un long cinq ans au sein du PFOR.

Depuis, en attente de la conclusion de ma condition médicale et de ma prochaine affectation, je travaille comme officier d’administration au sein de l’Escadron O’Kelly au RMC à Kingston.

Les quatre piliers du PFOR, le mode de vie militaire et la distance avec la famille rendent le tout très demandant, mais la présence de fortes amitiés sur le campus amoindrissent la lourdeur quotidienne de la charge de travail physique, intellectuelle et émotionnelle d’un Élof. Le tout complique également la connexion familiale. Néanmoins, je fus en mesure de me rendre à Saint-Pamphile au moins une fois par mois.

Photo en page d’accueil : Mars 2020, graduation du RMC au Royal military college of Canada.

 Sous-lieutenant Jules S. Leclerc

No. de collège du RMC 27635

Membre de la promotion 2020

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 Pour terminer, Jules nous remercie de l’intérêt que nous lui portons.

Il termine comme suit :

Espérant que cet article inspirera d’autres jeunes à entreprendre cette aventure hors du commun, ils ne le regretteront pas! 

Salutations à  tous mes oncles, tantes, cousins (es) amis de la région, anciens du RMC et à la classe de 2020.