Gens de chez nous !Saint-Pamphile

Harvard, une des institutions les plus prestigieuses au monde, est aussi le lieu de travail de notre personnalité du mois !

Par Journal l'Écho d'en Haut le dans Harvard, Sciences.

Depuis plusieurs mois, on parle beaucoup des  scientifiques, biologistes, chercheurs, microbiologistes et autres du milieu de la santé. Alors ce mois-ci je vous en présente une de chez nous, Madame Monia Michaud, fille  de M. John Michaud et Mme Solange Pelletier.  Elle a des oncles, tantes, cousins et cousines qui demeurent toujours  à Saint Pamphile.

Marie-Ève Francoeur

Monia se raconte :

Tout d’abord, si j’ai fait des études universitaires c’est beaucoup grâce à ma mère. Depuis toute petite, ma mère me disait que j’irais à l’université un jour.

Elle voulait donner à ses enfants tous les moyens possibles pour réussir dans la vie, et pour elle, le meilleur moyen était d’étudier. Alors, après le secondaire, je n’ai pas vraiment « décidé » de poursuivre mes études puisque dans ma tête, c’était un fait établi depuis toujours. Il fallait d’abord passer par les études collégiales, et j’ai choisi d’aller en sciences de la santé parce que c’était un des programmes (avec les sciences pures) qui ouvraient le plus de portes, et je voulais avoir autant de choix possibles lorsque j’irais à l’université.

Et puis, je pensais déjà à un emploi dans une profession qui toucherait le domaine de la santé parce que je trouvais que c’était important et utile. J’ai choisi d’aller au Collège Notre-Dame-de-Foy (à Saint-Augustin-de-Desmaures en banlieue de Québec) pour une transition plus facile en partant de la maison. Nous pouvions demeurer en résidence, avec tous les repas préparés, ce qui libérait beaucoup de temps pour se consacrer aux études. C’est lors d’une journée portes ouvertes à l’Université Laval que j’ai découvert les programmes de biochimie et microbiologie, et le genre de formation requise pour faire de la recherche biomédicale, entre autres. C’était une avenue possible pour faire de la recherche sur le cancer, par exemple, et moi, contribuer à trouver une solution pour débarrasser l’humanité d’un tel fléau, ça m’appelait.

Alors, j’ai choisi le programme de biochimie pour mon baccalauréat à l’Université Laval. Je savais qu’un meilleur apprentissage de l’anglais serait nécessaire pour étudier en sciences, alors je suis allée à l’école anglaise d’été à Ottawa avant de commencer l’université. Au début du baccalauréat, nous étions environ 300 étudiants, et puis après un an, nous n’étions plus que 60 à 70. J’avais l’habitude d’assez bien réussir à l’école, mais je me souviens d’avoir souvent pensé : « Ouais ben, ce n’est pas facile, hein ! » C’est un peu plus tard dans le programme que c’est vraiment devenu intéressant, en suivant les cours de biologie cellulaire et de biologie moléculaire. J’étais épatée d’apprendre à quel point le fonctionnement de notre machinerie cellulaire (et de nos gènes) est complexe, précis et perfectionné, et j’étais éblouie par l’ingéniosité des méthodes et outils développés pour les étudier.

Bientôt, j’ai réalisé qu’il me faudrait faire au moins une maîtrise pour pouvoir travailler en recherche, le baccalauréat ne pouvant pas être assez spécialisé. Alors, à la fin de mon baccalauréat, je me suis inscrite à un programme de maîtrise en biologie moléculaire et cellulaire, et j’ai choisi comme sujet un projet de recherche sur le cancer du sein. Une maîtrise en sciences, c’est au moins 2 ans de travail en laboratoire, en plus de quelques cours théoriques. On apprend beaucoup pendant ce temps. Il faut être patient, persévérant et minutieux pour travailler en laboratoire. Ce n’est pas le genre d’emploi où tu fais du 9 à 5. Lorsqu’on commence une expérience scien-tifique, ça peut prendre 6 heures comme ça peut en prendre 10 heures pour la compléter. Travailler avec du vivant, ce n’est pas toujours prévisible. Tu ne peux pas dire « il est 17 heures, je m’en vais chez moi » et tout perdre le travail fait depuis des heures, ou même des jours, en plus de centaines ou milliers de dollars en réactifs.

Suite à mes études à la fin de ma maîtrise, j’ai travaillé comme assistante de recherche sur différents projets comme sur les maladies cardiovasculaires à l’Hôpital Laval, et même en agroenvironnement pour finalement retourner travailler sur le cancer, du côlon, cette fois, à l’École de santé publique de l’Université Harvard à Boston. C’est mon conjoint qui s’est expatrié en premier pour travailler comme chimiste pharma-ceutique à Boston.

Il y a beaucoup d’industries pharmaceutiques dans la région de Boston et plusieurs universités. Les opportunités d’emplois pour les scientifiques y sont beaucoup plus nombreuses. Je ne pensais tout de même pas m’expatrier pour longtemps. Mais 15 ans plus tard, je suis bien obligée d’admettre que la vie en a décidé autrement. Nous nous sommes mariés et avons eu notre fille ici. En grandissant, si elle choisit d’y faire sa vie aussi, nous resterons près d’elle.

Mon premier poste à Harvard fut comme assistante de recherche niveau II. Après quelques années, je fus promue au niveau III, puis au niveau IV, comme spécialiste de recherche. Présentement, je fais beaucoup de gestion du laboratoire. J’ai eu à voyager pour mon travail il y a plusieurs années, mais pas récemment. Bien entendu, j’ai assisté à des conventions scientifiques, mais ce qui m’a vraiment plu, ce fut d’aller apprendre une technique en Allemagne dans le laboratoire qui l’avait perfectionnée.

Mes plus belles réalisations professionnelles furent de participer aux travaux publiés dans des revues scientifiques renommées comme Science, PNAS, New England Journal of Medecine, Cell Host and Microbe, etc.. Je dois dire aussi qu’au Canada, nous sommes bien formées. Lorsque j’ai commencé à travailler à Harvard, mon patron a vite réalisé que j’étais très compétente pour le travail que j’avais à faire. Le Canada est un des rares pays où nos diplômes universitaires sont reconnus partout dans le monde. On peut être fier de notre formation au Canada.

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Je la remercie de son récit, elle termine en me disant : « Ma mère lisait toujours l’Écho d’en Haut, elle serait heureuse d’y voir une chronique  à mon sujet ».