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La vache Canadienne menacée, mais pas complètement disparue.

Par Journal l'Écho d'en Haut le .

(D.B.) La Canadienne est une race laitière développée au Canada français à partir de bovins importés de la Bretagne et de la Normandie au XVIIème siècle. La Canadienne est la seule race bovine laitière propre à l’Amérique du Nord. À l’origine, elle n’est pas issue de brassages génétiques et, jadis, elle était exclusivement et intimement liée au terroir québécois. La Canadienne est aujourd’hui sérieusement menacée. Elle a bien failli disparaître en raison des croisements avec la race « Brown Swiss ». Il reste très peu de bêtes de race pure, mais on observe un engouement pour la sauvegarde et la valorisation de la génétique de la Canadienne ancestrale. Il est primordial de la valoriser afin d’assurer un avenir à cette race du patrimoine québécois.

Origine et histoire

La fondation de Québec en 1608 a été le début de l’aventure des bovins au Canada. Cependant, il est vraisemblable que la plupart des troupeaux qui avaient été introduits depuis cette date, puissent avoir été détruits pendant le siège de Québec, entre 1629 et 1632. Le retour de Champlain, en 1633, a permis de ramener de manière permanente des bovins au pays, mais il apparaît que les plus importantes importations ont eu lieu sous l’administration de Colbert et de Talon entre 1660 et 1670. D’ailleurs, cette période a été caractérisée par une expansion rapide de la population de la Nouvelle-France. Il semble que les importations de bovins aient cessées après cette période puisqu’ils pouvaient se reproduire et se multiplier. Une hypothèse intéressante concernant l’origine de la race bovine Canadienne a été énoncée par Laurent Avon de l’Institut de l’élevage en France. Celui-ci avance que la population de bovins rapidement développée en Nouvelle-France proviendrait seulement de quelques ports et qu’il n’y aurait pas eu de brassages génétiques avec différentes populations. Il prétend également que ces bovins canadiens seraient un cas de figure unique. Selon Laurent Avon, le bétail souche français qui aurait contribué à l’établissement des bovins en Nouvelle-France proviendrait d’une population mal définie du littoral, située entre la ville de Guingamp, en Bretagne, et le Cotentin, en Normandie, disparue depuis longtemps. En fait, le bétail souche aurait subi une forte pression à son arrivée au Canada en raison du climat difficile, opérant une sélection qui aurait contribué à faire de la Canadienne une race unique aux Amériques et spécifique au Québec.

Les bovins canadiens ont constitué la majorité des bovins laitiers jusqu’en 1850, où ils ont commencé à souffrir de la concurrence des races nouvellement importées. Devant la menace de disparition des bovins canadiens authentiques, les éleveurs ont décidé de créer, en 1886, un livre généalogique de la race bovine Canadienne. Cette action a permis d’établir des standards spécifiques et de créer officiellement la race Canadienne. En 1850, on comptait encore au moins 300 000 vaches canadiennes, mais les effectifs de la race ont commencé à décliner significativement par la suite. Déjà en 1970, il ne restait plus que 5 000 à   10 000 vaches. La concurrence des autres races en rapport avec la méthode de paiement du lait basée sur le volume a vraisemblablement eu raison de la Canadienne. D’ailleurs, c’est au cours de cette décennie qu’un programme de croisement avec la race « Brown Swiss » a été mis de l’avant, afin d’améliorer la conformation et la production. Ce programme devait aussi permettre à la Canadienne de maintenir voire d’augmenter ces effectifs. Certes la Canadienne s’est améliorée ,mais les effectifs de la race n’ont malheureusement pas connu l’essor espéré. En bref, les résultats de ces croisements se sont avérés fort décevants. Aujourd’hui, les effectifs de la race sont approximativement de 1000 vaches, mais la plupart ont moins de 93,75% de sang canadien (pourcentage requis pour être considéré comme race pure) et possèdent des gènes de « Brown Swiss ». Les effectifs de race pure ou « pur-sang » sont inférieurs à 250 femelles, parmi lesquelles moins d’une centaine n’ont jamais été croisées. La race bovine Canadienne continue à perdre du terrain et sa population de race pure est dans un état précaire voire menacée de disparition. Au Québec, plusieurs personnes ont récemment pris conscience de l’intérêt historique et patrimonial de la race. Dans Charlevoix, la race pure est au cœur d’un projet de valorisation de son lait. On y retrouve déjà 35 % de toutes les femelles de race pure dont la population est en plein essor. Il est fort peu probable que la race Canadienne puisse retrouver son importance d’antan, mais elle pourrait toutefois avoir trouvé une vocation qui lui assurera un meilleur avenir.

Caractéristiques de la race :

Plusieurs orientations existent pour la caractérisation de la race bovine Canadienne, mais la tendance actuelle est de privilégier et de restaurer les caractéristiques ancestrales. D’ailleurs, le collectif de Charlevoix s’est orienté vers la recherche du type ancien et archaïque, très fonctionnel et profitable pour son programme de valorisation de la race.

La Canadienne est une race de type laitier spécialisé de taille petite à moyenne. Les vaches ont un poids qui varie entre 400 et 500 kg pour une hauteur au garrot de 130 cm. Pour les taureaux, le poids moyen est de 800 kg. 

Dynamique de la race

L’Association de mise en valeur des bovins de race Canadienne dans Charlevoix a comme but de valoriser et d’orienter le développement génétique de manière à retrouver et à restaurer le type canadien et les aptitudes ancestrales et archaïques de cette race patrimoniale. Un plan de gestion de la population de bovins de race Canadienne de Charlevoix sera implanté au cours des prochaines années afin de s’assurer que la population puisse être viable, durable et permanente. Le collectif de Charlevoix souhaite poser des actions concertées avec l’ensemble des intervenants de la race Canadienne. Il existe différents groupes qui œuvrent à la sauvegarde et au développement de la Canadienne, mais la concertation entre ces groupes (SEBC, FPRPQ, AQBC, AVCC, RBC, CIAQ et MAPAQ) est nécessaire pour la pérennité de la race. D’ailleurs, il y a présentement un groupe de travail qui représente la plupart des intervenants au niveau de la race au Québec ayant le souhait de réaliser un plan stratégique pour la Canadienne. Ceci, en regard avec les actions entreprises et les mesures mises de l’avant pour préserver les races à petits effectifs en France. L’état des ressources génétiques toujours disponibles permet de croire que la race bovine Canadienne a un avenir très prometteur. Plusieurs actions de sauvegarde et de valorisation ont été mises de l’avant.

Source :

http://www.vachecanadienne.com/la_vache_canadienne.aspx

Un producteur de chez nous, M. Clément Leclerc de la Ferme des Hautes-Terres L’Islet-Sud, du rang des Moreau à Saint-Pamphile, élève quatre bovins de race Canadienne à 75 % de pureté pour trois d’entre eux. Pour ce qui est de la génisse, elle est née en 2019 et sa pureté est supérieure. Ces bovins proviennent tous de l’insémination.