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Les célébrations du Centenaire de Tourville, on ne « Monk pas ça!  » Alors, nous y étions!

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Municipalités.

La réflexion et l’élaboration d’un projet de célébration du centenaire de la paroisse Saint-Clément a commencé il y a sept ans. Il aura fallu effectuer des recherches, contacter les personnes porteuses de mémoire, trouver les coordonnées de celles ayant quitté la communauté depuis longtemps, avoir accès aux archives familiales. Beaucoup de bénévolat, de communications, de persistance et de découvertes partagées par les contacts plus spécialisés rencontrés pendant toute la période de ces démarches. Le Comité des Fêtes du 100e avait choisi comme slogan rassembleur « Monk pas ça », allusion au tronçon de chemin de fer appelé MONK de la ligne du Transcontinental.

Chemin de fer, forêt accueillante et présence autochtone

En effet, la fondation de la paroisse, le 14 novembre 1919, est directement liée aux infrastructures ferroviaires. Jusqu’en 1982, date de sa démolition, une gare faisait partie du paysage de Tourville. Incontournable, la construction d’un chemin de fer du Transcontinental auquel s’est ajouté un nœud ferroviaire, avec voie d’évitement, fut l’élément déterminant à l’origine de l’édification de la paroisse. Si ce lien fut évident pendant trois quarts de siècle, on ne peut passer sous silence deux autres pans importants de l’histoire de la communauté : son écosystème forestier et la présence autochtone encore évidente au début du 20e siècle avec des familles y habitant avant même la fondation de la paroisse. C’est d’ailleurs le couvert forestier qui y a abrité pendant de nombreuses générations des campements des Premières Nations de même que les familles venues des paroisses plus au nord, dès la deuxième moitié du 19e siècle. La forêt nourrissait alors ces populations qui en dépendaient et donnait du travail dans les moulins à bois. Plus de 300 personnes y vivaient déjà au moment de l’érection canonique de la paroisse après la première guerre mondiale. Pendant ce conflit, le transport de munitions et de troupes passait par ce centre ferroviaire. Tout est relié! Il faut rappeler que Saint-Clément de Tourville s’est formé à partir de sections de territoires détachées de Saint-Damase au nord et Sainte-Perpétue au sud.  La programmation de la célébration intégrait en toute logique deux visites sur les lots de la famille Leboeuf portant sur le jardinage forestier et un site accueillant des activités présentant des éléments des cultures autochtones et rappelant notre long métissage.

Une cérémonie touchante et un devoir de mémoire

Mais un autre pan de  l’Histoire a été souligné avec une cérémonie pleine de souvenirs et d’émotion. Le dimanche a vu se rassembler après la messe commémorative un grand nombre de personnes sur le parvis de l’église et aux alentours pour accompagner ensuite un cortège. Les Chevaliers de Colomb, accompagnés de vétérans de l’armée canadienne, de membres du conseil municipal, de diverses délégations et d’un joueur de cornemuse venu de Matane se dirigeaient vers l’édifice municipal, l’ancienne école. Les mélodies interprétées par Benoît Poulin, avec cet instrument associé aux cérémonies militaires, conféraient respect et mélancolie à la fois au déroulement de la cérémonie. L’organisme Vétérans UN-NATO CANADA Côte-du-Sud y avait des représentants qui, par leur présence, rappelaient le devoir de reconnaissance envers celles et ceux disparu(e)s lors de leur service militaire. Cette assemblée attentive était réunie pour assister au dévoilement du monument érigé en hommage aux résidants et résidantes souvent si jeunes de Tourville qui ont servi dans l’armée lors des deux guerres mondiales et des engagements subséquents. C’est à la suggestion du chercheur et auteur Nicolas Paquin, résidant à Saint-Roch-des-Aulnaies, qui a publié récemment le roman L’espion de Tourville, que le Comité des fêtes du 100e en est venu à inclure dans sa programmation du Centenaire cet hommage aux vétéran(e)s. Car M. Paquin a effectué des recherches minutieuses qui avaient pour but de connaître le rôle de la population de notre région lors des longs épisodes des guerres mondiales et l’impact de ces douloureux évènements pour bien les situer et décrire dans ses romans à trame historique. Il a ainsi pu identifier ces personnes qui, conscrites ou volontaires, avaient sacrifié leur vie lors de ces conflits mondiaux. Il estimait essentiel que, par devoir de mémoire, on leur rende hommage. C’est donc en ce jour mémorable du 28 juillet que la descendance de ces personnes disparues et honorées, soit leurs enfants devenus des aîné(e)s, était présente  et  a déposé des fleurs au monument. Cette œuvre a été conçue et exécutée par un artiste sculpteur de notre région, M. Clermont Gagnon de Sainte-Félicité. Les vétéranes Marie-Sonia Dubreuil venue de l’Alberta pour les fêtes et Mélissa Cloutier, toutes deux originaires de Tourville, ont d’abord retiré la toile la couvrant pour en dévoiler la composition. L’oeuvre représente un soldat recueilli, un genou au sol, tenant dans ses mains des coquelicots qui lui rappellent ses camarades décédés. Des vétéran(e)s des différentes générations présentes, des cadets et dignitaires y ont à tour de rôle déposé des fleurs.  Une intervenante fit un lien avec le respect et la reconnaissance dus à celles et ceux qui ont servi et vivent encore traumatismes, isolement et contraintes, sans recevoir suffisamment l’attention et l’aide nécessaires.

Une programmation variée et mémorable

La population fut conviée à prendre connaissance de la mise à jour du plan d’action Municipalité amie des aîné(e)s le samedi. Un déjeuner dans la salle communautaire et un brunch sous le chapiteau ont attiré chacun 600 personnes. Trois spectacles et deux activités consacrées à la danse ont donné une ambiance musicale aux rencontres. Ce sont ajoutés un bingo, deux soupers dont un de  « retrouvailles » et la présentation des nouveaux arrivants.  Deux visites virtuelles d’un sentier historique furent offertes. Deux expositions avaient aussi été installées. La première rassemblait les  magnifiques réalisations exécutées par le Cercle des Fermières. L’autre, musée historique temporaire, nous transportait dans les demeures du début du siècle dernier et d’un magasin général avec les objets, outils et meubles d’époque. Les plus jeunes ne furent pas en reste. Un espace leur fut réservé avec la Ferme Napolie et des mégas structures gonflables. De plus, des olympiades familiales, la Tente à conte et un pique-nique familial les invitaient à participer à la fête.

Des retrouvailles et découvertes multigénérationnelles

Nous avons pu constater l’émotion et la joie des gens qui renouaient contact avec des anciens camarades de classe, devenus parents ou grands-parents pour certains, des anciens voisins ou apparentés renouant après de longues séparations. Une telle célébration est une occasion de retrouvailles et de rencontres multiples, mais aussi d’unité identitaire. Elle contribue à définir et ranimer un sentiment d’appartenance, de fierté et une reconnaissance envers celles et ceux qui nous ont précédé(e)s et bâti, établi et maintenu avec dévouement l’esprit communautaire. Cette identité propre à Saint-Clément de Tourville s’est manifestée aussi par cette imagination créative, cette débrouillardise et cette habilité à réaliser des ensembles et des décorations devant les domiciles pour souligner les cent ans de la paroisse. La tournée des décorations et des montages le long de la route 204 et des rangs en valaient la peine. Certaines, véritables pièces de collection, mériteront d’être conservées; réunissant fantaisie et travail dans l’exécution. Beaucoup d’images et d’entrevues ont été sauvegardées en vue de la production d’un film monté par Marco Pelletier. Une projection de photos fut présentée lors de l’inauguration. La banque d’archives visuelles est considérable pour cette jeune paroisse.  Objets et images  pourront enseigner la grande Histoire et les petites histoires aux générations suivantes. Bénévolat, convictions, imagination et persistance ont garanti la réussite de cette mémorable célébration.

http://www.muntourville.qc.ca/indexFr.asp?numero=64

Pour réserver le film : 418-359-2106

Photo en page couverture : Le musée temporaire de la maison d’autrefois.

Dévoilement du monument en hommage aux vétérans.

Le magnifique petit train de Jean-François Joncas.