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Adolescents dépendants, parents résilients…

Par Françoise de Montigny-Pelletier le .

La bibliothèque municipale de Sainte-Perpétue accueillait le mercredi 24 avril dernier, Mme Julie Provost, auteure d’un livre s’adressant particulièrement aux parents. Son seul titre semble avoir attiré l’attention d’une quinzaine de personnes qui, selon la responsable de la bibliothèque Mme Louiselle Robichaud, n’avaient pas encore participé à de telles rencontres. Curiosité ? Recherche de réponses à leurs questionnements ? On peut présumer que le sujet proposé avait fait que ces personnes s’interrogeaient ou se sentaient concernées.

Julie Provost est venue présenter son livre de 104 pages, aux 20 très courts chapitres en simplifiant la lecture. Adolescents dépendants, parents résilients a été conçu et écrit sur un ton de confidences à partir de son vécu personnel. Ces textes présentent la chronologie des évènements relatés dans un récit tantôt autocritique, tantôt philosophe. Quelques dédicaces et citations empruntées par l’auteur donnent le ton. Comme celle-ci : « La cicatrice est l’endroit où la lumière te pénètre »*. Car beaucoup de parents ressortent blessés de cette expérience de proche aidant et souvent, avec un fort sentiment d’impuissance.

« L’adolescence de votre enfant est difficile ? » nous dit-elle, « Drogue, alcool, problème scolaire ou autre ? Vous savez, ce n’est pas plus vert dans le jardin de votre voisin ! »

L’auteure et mère a voulu faire une différence, « Changer les choses dans un océan d’indifférence. » Donner de l’espoir, soutenir, sortir de l’isolement les parents. En entrevue sur FM93 avec Josey Arsenault, elle a reçu les témoignages de parents rassurés de ne plus se sentir seuls et isolés et qui disaient en écoutant sa propre expérience avoir l’impression de s’entendre eux-mêmes tellement leur histoire était semblable. Pour Mme Provost, « faire la différence » même pour une seule famille aurait déjà justifié le partage de son témoignage sous forme de livre. Permettre aux parents qui se sentent seuls de ne pas ressentir de gêne, de honte, de culpabilité.

Mme Provost croit personnellement que les problématiques menant les jeunes vers la dépendance sont énormément liées à la perte d’estime de soi. La perception que les jeunes ont des relations humaines est faussée par des influences extérieures comme les réseaux sociaux et certains sites Internet. Cela les bouscule au point d’atteindre leur propre identité. Leurs relations sociales, les amis pèsent énormément dans la balance.

Quant aux parents, ils ne veulent pas ou ne peuvent pas « lâcher prise », mais parfois, c’est un choix de « survie ». Au lieu de se soutenir, ils sont réduits à l’isolement social. C’est pourquoi un groupe comme celui réunissant des anglophones de Québec le « Fraser Recovery Center », organisme sans but lucratif, a été mis sur pied pour répondre à un besoin existant dans les écoles anglophones de la capitale. Mais dans la région, rien de tel ne semble exister côté francophone, rien de si spécifique, bien que ce centre soit ouvert aux parents francophones des élèves fréquentant cette école. Mme Provost souhaite agir dans cette direction. Les listes d’attente sont extrêmement longues dans les CLSC, les parents sont laissés à eux-mêmes. Il faut donc s’organiser pour compenser l’absence de services.

C’est ainsi qu’elle est allée chercher une formation de deux ans en faculté de médecine de l’Université Laval, pour y obtenir un certificat en dépendances. Son objectif en était d’améliorer son implication bénévole, de travailler dans ce domaine et de prendre elle-même des initiatives pour soutenir les parents et leurs enfants. Un groupe d’élèves d’une école de L’Islet et deux écoles secondaires de Québec ont déjà travaillé en classe avec son livre. Elle peut donc atteindre aussi les jeunes et leur permettre de partager leurs perceptions, leur appréhension mais aussi leurs espoirs.

Elle aussi avait des préjugés, mais par son vécu, son bénévolat spontané et les études qui ont changé ses propres perceptions, elle se sent prête et est déterminée à faire une différence dans la vie des familles. Attention, observation et prévention sont prémices à la guérison.

  • « The wound is the place light enters you » (Gabrielle Bernstein)

Sur Facebook : J.P.auteure
Site Internet : julieprovost.org