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La mémoire en partage: Hommage de Charles Leblanc aux centenaires de sa famille

Par Journal l'Écho d'en Haut le dans Famille, Parents.

Parmi toutes mes tantes, trois d’entre elles ont vécu plus de cent ans. J’aimais beaucoup mes tantes et j’allais les visiter assez souvent. Avec le consentement de leurs familles respectives, je souhaite leur rendre hommage dans cette chronique.

Je vous présente d’abord Yvonne, née le 25 décembre 1908 et mariée à Victor Morneau, lequel est décédé le deux octobre 1968. Le couple résida dans le Rang Taché Ouest et eut deux filles, Jeanne-d’Arc et Cécile, cette dernière mariée à Marcel Pellerin. Cécile et Marcel eurent deux jumelles, France et Francine. Tante Yvonne était heureuse au sein de sa petite famille. Elle aimait aussi faire des petites farces. Un jour où j’étais allé la visiter, elle me donna en cadeau une paire de pantoufles qu’elle avait tricotées. Elle me dit : « Si tu ne les aimes pas, en sortant du rang, baisse la vitre et garroche-les dans le champ! ». Elle était comique!

Le jour de ses cent ans, je lui ai apporté une rose; alors que je la lui présentais, elle s’est levée, bien droite, comme une jeune fille, et d’un bon pas, vite, elle est allée porter la fleur à sa chambre. Sa fille Cécile l’a gardée chez elle dans leur maison du rang Taché jusqu’à ce que tante Yvonne atteigne 102 ans. Elle était encore très en forme malgré ses besoins en services qui l’ont obligée à aller vivre dans un foyer à Saint-Eugène. Quand j’allais la visiter, elle était très lucide et amusait encore les autres pensionnaires. Elle y demeura jusqu’à son décès, le cinq octobre 2012, à l’âge de 103 ans et 10 mois. Elle avait été heureuse, ce qui prolongea sa vie…

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Ma deuxième tante plus que centenaire était Jeanne Leblanc, née le sept septembre 1911. Comme les autres, elle a commencé à travailler très jeune. Jeanne et sa sœur Rosanne, étaient presque jumelles, tellement elles ont réalisé des choses ensemble. À l’adolescence, elles prennent le train pour se retrouver au fin fond de l’Abitibi, à Saint-Janvier! Même si on était au mois d’août et peu importe le mois! Ensuite, Jeanne a trouvé du travail à La Sarre, dans un presbytère. C’était le temps de la colonisation.

Mme Jeanne Leblanc 103 ans, accompagnée de sa fille Rita.

En route pour revenir à Sainte-Perpétue, tante Jeanne rendit visite à sa sœur à Québec et elle rencontra alors l’homme de sa vie, Lauréat Michel, le frère de l’ami de sa sœur, Adoréat Michel. Cette rencontre se conclut par un mariage double le 21 septembre 1948. Puis, ce fut le tour d’une autre sœur, Lucienne, qui épousa un des frères Michel, oncle Marcel. Tout ça aurait pu continuer ainsi, car d’autres frères Michel lorgnaient encore du côté des sœurs des conjointes de leurs frères. Ils avaient trouvé la « bonne talle » chez les sœurs Leblanc.

Jeanne se retrouva sur la ferme familiale avec ses beaux-parents à Saint-Ferréol-les-Neiges. Elle m’a raconté un peu sa vie. Vivre avec les beaux-parents sur une terre. Elle avait trouvé cela pénible. Dans cette maison naquirent quatre enfants, Rita, Rollande, Raymond et Raymonde, ses derniers jumeau et jumelle. Elle eut six petits-enfants et dix arrière-petits-enfants. Jeanne était une femme très courageuse et aimante. Son amour pour les enfants transforma son chez-soi en garderie du coin, ouverte à ses petits-enfants, surtout quand elle habita Sainte-Foy, où elle était déménagée. Elle a toujours adoré ses petits-enfants. Elle est demeurée dans sa maison jusqu’à ce qu’elle fasse une mauvaise chute. Elle dut entrer à l’hôpital la veille de ses 97 ans. Après y avoir reçu de bons soins, elle entra au foyer Saint-Jean-Eudes à Québec. Nous lui rendions visite et elle reconnaissait ses enfants mais pour ce qui est de moi, je paraissais plutôt inconnu. Elle était bien traitée; avec des compagnes, elle jouait au bingo. À ce CHSLD, ils lui avaient prêté une poupée avec laquelle elle jasait et qui prenait vie entre ses mains; ce qui lui donnait une certaine joie de vivre. Elle y décéda le 29 juillet 2016, à l’aube de ses 105 ans. Quelle vie bien remplie et quel amour elle a donné à tous ceux et celles qui l’ont connue!

Dans la prochaine édition du journal, je vous présenterai la troisième de mes tantes centenaires, Denise Leblanc, qui est  toujours parmi nous et à qui il me fera plaisir de rendre hommage.

Photo à la une : Mme Yvonne Leblanc célébrait ses 100 ans

à la prise de cette photo.