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Keven Melanson : Donner une chance à la vie

Par Journal l'Écho d'en Haut le .

NDLR. : Cet article a paru dans le journal Le Placoteux, dans l’édition du 25 décembre 2013. Merci à la direction du journal et à son auteure Mme Sylviane Lord, de permettre à l’Écho d’en Haut de le publier à son tour et ainsi faire connaître davantage l’histoire de Keven.

SAINTE-PERPÉTUE – Le 9 août 2012, la vie de Keven Melanson a basculé. Sur le chemin du retour, dans le rang Taché Est à Sainte-Perpétue, il s’est endormi au volant de son VTT. Un accident presque fatal pour le jeune homme de 27 ans qui, un peu plus d’un an plus tard, revient enfin au bercail, dans son village natal.

« Il n’est pas question qu’il s’en aille en institution. Il doit continuer sa vie », a clairement clamé son père, Gérald, assis à ses côtés, dans son étroite chambre au CHSLD de Saint-Jean-Port-Joli. Car, depuis quelques semaines, Keven est pensionnaire au 2e étage, attendant la fin des travaux d’aménagement de sa nouvelle résidence. Un bref intermède avant le retour de ce survivant dans sa paroisse, une courte attente en comparaison aux longs mois qui se sont écoulés depuis ce jour fatidique du 9 août 2012.

De la mort vers la vie
Le soir de l’accident, Keven est transporté en ambulance à l’Hôpital de Montmagny, puis à L’Enfant-Jésus de Québec. Son père n’a que cinq minutes pour voir son fils avant son entrée précipitée au bloc opératoire pour une opération au cerveau. Une fois son état stabilisé, Keven reste plongé dans un profond coma, une léthargie qui durera près de quatre mois.

Devant des pronostics très sombres, le Dr Savard propose aux parents de Keven de le débrancher après deux semaines aux soins intensifs. Une décision cruciale pour Gérald et Sylvie. Ils y réfléchiront pendant une semaine.

Mais, avant la fin de ce délai, Keven se met à respirer par lui-même. À la fin septembre, il est transféré au Centre François-Charron de Québec. Keven y reste pendant un an, reprenant graduellement contact avec la réalité. « Ma mémoire a lourdement été affectée. Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à me souvenir de mon quotidien. Je me souviens de mon enfance, de ma famille, de ma job, mais je ne me rappelle pas de mon accident », dit-il.

Les progrès qu’il fait au cours de cette année sont phénoménaux. Alors que l’orthophoniste pensait qu’il ne pourrait plus jamais parler, Keven dit son premier mot en décembre. « On m’a dit que c’est grâce à notre présence qu’il a autant progressé », a raconté son père Gérald qui a constamment été au chevet de son fils depuis le jour de son accident.

Des parents aux petits soins
Le support des proches de Keven a été salvateur pour le jeune homme, particulièrement celui de son père Gérald. Cet appui n’aurait pu être possible sans un hébergement à proximité, à Saint-Jean-Chrysostome chez la belle-famille, et la compréhension de son employeur, Transport Gilmyr.

Mais, ce support ne s’est pas fait sans sacrifices et conséquences, parfois douloureuses. « Je suis très chanceux d’avoir d’aussi bons parents. Ils en font beaucoup pour moi », a insisté Keven, en parlant lentement, mais clairement.

Cette proximité et cette affection mutuelle entre le père et le fils existent depuis longtemps, bien avant ce malencontreux incident, mais elles se sont renforcées à travers les épreuves. Cette volonté de garder Keven auprès de lui, de ne pas l’envoyer en institution, traduit tout le courage dont fait preuve cette famille. « Il ne faut jamais laisser tomber. Il faut aller jusqu’au bout! », a lancé Gérald.

Une nouvelle belle vie
« Faut jamais se décourager. La vie n’est pas finie », clame Keven qui est convaincu de remarcher un jour, malgré les prévisions pessimistes des docteurs à ce sujet. Une ambition partagée par son père.

Depuis la fin octobre, chaque mardi, le père et le fils profitent des installations de la piscine intérieure à La Pocatière afin de travailler les mouvements dans l’eau. Keven y a fait ses tout premiers pas. Une nouvelle qu’il s’est empressé de partager via Facebook.

Dernièrement, les parents de Keven l’ont accueilli dans sa nouvelle demeure où tout a été pensé pour faciliter son quotidien. Il a son propre logis indépendant de celui de ses parents qui habitent à l’étage; un ascenseur fait sur mesure pour aller les rejoindre; un système d’intercom; une terrasse à l’extérieur accessible; et même un verticalisateur afin de travailler sa démarche.

« Je vais être heureux dans ma nouvelle belle vie », a exprimé Keven dont la force de vivre ne fait nul doute. Aujourd’hui, ses parents font le difficile pari de prendre soin de lui, appuyés par l’aide à domicile et de nombreux amis qui l’ont supporté tout au long de son cheminement. Une famille tissée serrée, comme on dit au Québec; des amours et des amitiés étroites qui ont été et qui sont encore le moteur de la vie de Keven.

Keven et ses parents, Gérald Melanson et Sylvie Pelletier.

Keven est remonté en selle dès qu’il a pu le faire. Le voici à bord de sa nouvelle acquisition, un côte-à-côte de 4 places qui lui permet de vivre sa passion pour le VTT.