Articles des pigistesSainte-Perpétue, Tourville

Visite des «Enfants de l’Arc-en-Ciel» dans nos montagnes

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Organismes, Vie communautaire.

Ce mois d’août passé, on a dû se questionner aux alentours de Sainte-Perpétue et de Tourville sur les allers et venues entre les villages, sur le rang Taché Est et la Zec Chapais de visiteurs inhabituels, certains aux coiffures et vêtements exotiques rappelant la mode «hippie» des années 1960, vraisemblablement chargés en prévision d’un séjour de camping. C’est que, pour une première fois, la » Famille Arc-en-Ciel du Québec» se rassemblait tout près de nous à la limite de la ZEC et de Saint-Omer.

Précisons d’abord que le mouvement «Arc-en-Ciel» existe depuis le début des années 1970. C’est au retour de la guerre du Viet Nam que des vétérans américains ont voulu protester de façon pacifique et positive contre la guerre, les conflits et le comportement destructeur d ‘une partie de l’humanité. Unissant leurs voix à celles des héritiers du mouvement hippie et de la culture krishna et se reconnaissant dans les traditions autochtones d’Amérique gardiennes  de la Terre Mère, ils ont bâti un mouvement universel de concertation, de guérison et d’éducation. Dotés d’une charte précise bien que sans reférence hiérarchique, prônant l’égalité et le consensus, ils ont réussi à diffuser leurs idées et leurs propositions d’un mieux-vivre respectueux hors de la société de consommation qu’ils ont nommé la «Babylone».

Le rassemblement national du Lac de l’Est et de ses environs, avec une superficie de campements très vaste, se voulait donc un évènement écoresponsable. Avant la période pendant laquelle il eut lieu, du 11 au 25 août, des bénévoles ont assuré la construction des installations et services nécessaires visant l’autosuffisance; après, ils ont procédé à l’examen des lieux, au nettoyage, à la cueillette des objets perdus, à la suppression le plus possible de traces pouvant avoir été laissées du séjour de plusieurs centaines de personnes.

Une très vieille légende de la nation des IYOUS, surnommés «Cris», a inspiré le mouvement devenu international. On y raconte qu’un jour, des enfants issus d’un arc-en-ciel auront le pouvoir de restaurer la planète Terre des destructions subies à cause du mauvais comportement  d’une partie de l’humanité et qu’ils feront plutôt la guerre par la paix, proposant donc une attentitude réparatrice, consciente et responsable en l’opposant à la discrimination, la prédation, la vengeance et l’exploitation. Ce «vivre autrement» est mis en pratique. La charte réglementant les comportements à adopter lors des rassemblements exclue toute consommation d’alcool et de drogues sur les lieux choisis, mettant de l’avant conscience, vigilance et responsabilté. On garde secret le lieu pour éviter prédation et infiltration jusqu’au jour déterminé qui se rapproche de la pleine lune d’août ou de fin juillet. Ne sont pas tolérées sur les sites les personnes qui dérogent au règlement. N’y sont non plus tolérés les attitudes, gestes et propos discriminatoires, irrespectueux, violents ou sexistes. On y organise quotidiennement des cercles de discussion, de guérison et d’échanges sur des idées, des impressions et des projets. On y voit lors de ses rassemblements annuels des gens de toutes origines et professions. Nous avons pu y rencontrer chez nous cette année des comptables, policiers à la retraite, fonctionnaires,  techniciens de la santé, étudiants, ouvriers, beaucoup d’artisans, familles, des trois Amériques, Canadiens de différentes provinces, Européens, Asiatiques, Africains. Un jeune expert en construction de fours en  mortier d’argile et paille en a installé un  en utilisant la terre glaise disponible en abondance sur le site. Un boulanger  y a cuit des pains, gâteaux divers et pizzas hautement appréciés. La cuisine y était communautaire, végétarienne, saine et partagée. Les familles avec  jeunes enfants y avaient aussi leur propre cuisine. On évite l’argent et on pratique le troc, soit l’échange de services, de denrées et d’équipement. Chacun contribue à sa façon, selon ses capacités et personne n’a de privilège car la solidarité et le bénévolat priment sur les intérêts individualistes. Nous avons pu le constater sur place. La rencontre était propice au réseautage certes mais beaucoup au ressourcement même si la logistique n’était pas facile puisque basée sur le volontariat et à cause de la rotation des campeurs de plus en plus nombreux. Les enfants y étaient épanouis, éveillés, capables même d’enseigner à des adultes en partageant  leurs connaissances, débrouillards, heureux en pleine nature.

Le passage des Enfants de l’Arc-en-ciel a été ressenti à la Coop de Sainte-Perpétue qui y a connu  un achalandage plus marqué. On imagine que d ‘autres commerces, des garages entre autres, vu le terrain accidenté parcouru dans la ZEC et les bris de voitures nombreux, ont vu leur clientèle augmenter sensiblement.

Utopie réalisable, école de vie aux multiples apprentissages pour l’enfance au contact de la nature, lieu de thérapie, la voie tracée pour la survie de la planète a les couleurs de l’arc-en-ciel et de tous les peuples de la terre.

Sites:

– histoire et philosophie: frenchrainbow.free.fr/minimanuels 

–  famille du Québec: rainbow.jopel.ca/