Communiqués

Les Cercles de Fermières du Québec fêtent leur 100e anniversaire

Par Liliane Dancause, Collaborateur le .

En cette année de centenaire, les Cercles de Fermières du Québec un regroupement féminin comptant plus de 34 000 membres de 655 Cercles, regroupés en 25 fédérations,  multiplient les activités pour souligner cet évènement en grand à travers toute la province.

  En effet, plusieurs localités afficheront des tricots graffitis bien visibles et exposeront des objets qui reflètent notre patrimoine artisanal à travers l’histoire. 

C’est en 1915 que le premier Cercle de Fermières voit le jour à Chicoutimi.  Un agronome, monsieur Alphonse Désilets, qui était au ministère de l’Agriculture, en est l’instigateur.  N’oublions pas que ces débuts se déroulent durant les années de la première guerre mondiale.

Les buts à cette époque de la création des Cercles étaient donc de : 

Revitaliser le travail agricole et la vie rurale en rompant avec l’isolement, les préjugés, la routine, l’ignorance et la servitude.
Revaloriser la besogne domestique en offrant à la femme rurale un enseignement ménager
Revaloriser les positions féminines par le droit d’intervention en ce qui concerne l’intérêt matériel, moral et culturel de la famille, de l’école et de la paroisse.

Dès la fondation des premiers Cercles de Fermières en 1915, les Ursulines apportèrent leur collaboration.  On donnerait dans leurs maisons d’enseignement des conférences concernant la femme, dont une partie porterait spécialement sur l’agriculture, celles-ci seraient accompagnées de démonstrations pratiques.  Les sujets qui formaient ce programme d’étude porteraient sur la mission de la femme, l’influence de la femme au foyer et dans la société, l’importance de la formation de la jeune fille qui sera l’épouse et la mère de demain, les conditions essentielles de la vie de la femme, les vertus essentielles, la bonté, l’affabilité, la retenue, la prudence, le dévouement, l’abnégation, la patience, la grâce.  Voilà tout un programme!  À côté de ces sujets de conférences des sujets pratiques étaient traités avec démonstrations : le poulailler, la culture des plantes, la culture du potager, etc. 

Les Cercles obtiendront des départements d’agriculture de Québec et d’Ottawa des ouvrages agricoles destinés à enrichir leurs bibliothèques et recourront aussi, à cette fin, aux curés de paroisse et autres personnes qui s’intéressent aux œuvres sociales et patriotiques.

Par la suite, lors de la clôture du premier congrès général en 1919, M. J.A.Grenier, sous-ministre de l’Agriculture demanda aux Cercles de Fermières de s’affirmer par des démarches sérieuses d’intérêt local : éducation et instruction rurales surtout.    À l’issue de ce Congrès, plusieurs décisions importantes ont été prises.  Un Cercle doit avoir un minimum de 20 membres et pas plus de 200.  Les octrois officiels du Ministère vont augmenter.  Finalement la cotisation monte déjà à 1 $, mais le magazine est compris. 

Malheureusement, ce magazine devra disparaître en 1933.

LA VIE ACTIVE DES CERCLES

La réunion mensuelle est la sortie du mois, on se retrouve entre amies, on s’en fait d’autres et dans ces années où le travail de la terre était un dur labeur, il faisait bon s’encourager et se serrer les coudes. 

Les dirigeantes dans les premières années sont souvent les pionnières de la paroisse (très actives dans la vie de celles-ci) ou bien les femmes instruites de la place. Dans le premiers temps, la présidente pouvait rester jusqu’à 25 ans dans certaines régions.

L’engagement des Fermières dans leur industrie domestique et artisanale améliore leur revenu.  Elles utilisent tout ce qu’elles ont, il n’y a pas de perte, elles réutilisent tout (c’était déjà à leur époque le recyclage mais par obligation). La participation des Cercles aux œuvres paroissiales est fréquente, les Cercles y participent avec les moyens à leur portée.  Des nappes d’autel sont tissées, on répare les rideaux, on tricote.  Les membres sont aussi généreuses pour les besoins qui les entourent.

Les connaissances qu’elles acquièrent leur serviront pour améliorer la qualité de vie.  

Les Cercles usent de leur influence pour que les institutrices de la campagne soient mieux préparées à leur mission particulière et pour qu’elles soient mieux rétribuées.

On rapporte qu’en 1920; conscients de leur force, les Cercles ne craignent pas de prendre des initiatives communautaires quand le besoin s’en fait sentir, par exemple celle-ci : convaincre une commission scolaire de faire installer l’eau courante dans toutes les écoles sous sa juridiction.  Ailleurs on paye des cours ménagers agricoles à des filles  de cultivateurs, on appuie la Croix-Rouge, on envoie des vêtements aux jeunes mamans en terre de colonisation, on aide un missionnaire enfant de la paroisse, non seulement on s’entraide mais on aide les autres.

Dans le temps on disait : « Les Cercles de Fermières, une oeuvre qui s’est agrandie sans autre propagande que le bien qu’elle a accompli ».

LA FEMME

Les femmes qui ont été les pionnières des Cercles de Fermières étaient des femmes qui avaient les deux pieds sur terre et le cœur à l’ouvrage.  Elles allaient droit au but, elles étaient très présentes pour ceux qui les entouraient. Leur sens du devoir était très élevé.

RUPTURE AVEC L’ÉGLISE 1940-1968 

Les femmes passives donnent maintenant leurs opinions et veulent discuter entre elles de ce qui est bon, raisonnable et utile.  Un autre problème surgit:  l’Église qui a soutenu l’initiative du ministère de l’Agriculture depuis les débuts commence à trouver que les femmes sont trop indépendantes.  On va leur accorder le droit de vote très bientôt et les curés veulent garder le contrôle sur celles-ci.  Commencent alors vingt années difficiles pour les membres des Cercles de Fermières. Les évêques vont prendre plusieurs moyens afin de ramener les Cercles de Fermières dans leur giron. 

Ils fonderont des associations concurrentes comme l’UCF (Union Catholique des Fermières), qui aura pour devise  « Pour la terre et la famille » proche de la devise des Cercles.  Ainsi que les CED (Cercles d’Économie Domestique) spécifiquement pour les femmes en milieu urbain . Ils vont aussi faire des menaces d’excommunication pour celles qui continuent d’être membres des Cercles de Fermières.  Certaines femmes se verront même refuser la communion lors des messes.  Pour couronner le tout, en 1946, l’Assemblée des archevêques confirme une sanction: les Cercles se trouvent hors de l’Église.  Mais tout cela est insuffisant pour contrer les Cercles, la plupart résistent à la demande de changement.  Une dernière tentative de fusion entre les trois Associations existantes est entamée.  Elle échoue en 1963 puisque les Cercles de Fermières se retirent presque au tout début des négociations.

Parallèlement, il y a aussi des changements au ministère de l’Agriculture.  Les politiques provinciales en faveur du développement agricole changent.  Le service auquel sont rattachés les Cercles coordonnera à l’avenir la diffusion de l’enseignement, les expositions et favorisera l’insertion des Cercles dans une organisation internationale de femmes rurales.  Cette ouverture laisse aux Cercles plus de latitude dans leur organisation interne.

RÉCENTE RÉALISATION : MISSION ACTUELLE

Afin de continuer à être la plus grande association féminine de la province, les Cercles de Fermières du Québec ont dû changer, se moderniser. Tout cela sans jamais oublier leur origine.  

La mission actuelle a deux volets aussi importants l’un que l’autre :

Les CFQ sont une Association apolitique de femmes vouées à l’amélioration des conditions de vie de la femme et de la famille ainsi que la transmission du patrimoine culturel et artisanal. 

Les comités statutaires ont été rajeunis et combinés.  Nous avons maintenant un Comité dossiers, un Comité arts textiles, un Comité communications. Un Comité spécial Recrutement a été mis sur pied en 1995.  Une refonte des règlements généraux a eu lieu en 1981.

Nous sommes toujours la plus grande Association féminine au Québec et très vivante avec nos 655 Cercles et nos 35 000 membres.

Notre Cercle :

En 1928, au début de la grande crise économique Mademoiselle Véronique Durant, institutrice officielle, déléguée par du ministère de l’Agriculture provincial,  se rend à Saint-Pamphile dans le but de fonder notre Cercle.  En février 1928, 120 personnes ont assisté à la réunion d’information.

Elle trouve ici des femmes talentueuses, capables de prendre en charge les destinées de ce merveilleux mouvement.  En moins de huit mois, sous la présidence de Madame Marie Anctil, de Mme Adalbert Pelletier, vice-présidente, assistées de Madame Antonia Bilodeau, secrétaire, 76 membres ont adhéré au mouvement.  Les réunions se tiennent après la grand-messe à la salle paroissiale. 

Les thèmes exploités portent sur l’éducation, le filage du lin, la mode, l’économie, les cours d’art culinaire, de tricot, de tissage, de broderie, sans oublier les activités récréatives, car on sait aussi se détendre.  Ces valeureuses Fermières avaient bien des occasions de mettre en pratique leurs connaissances puisqu’elles avaient des familles nombreuses.  Celle de Mme Marie Anctil comptait 21 personnes à table.

Les Fermières se sont impliquées dans plusieurs œuvres sociales et caritatives telles O.L.O., la Fondation MIRA ainsi que l’ACWW. 

En ce sens, notre Cercle  avec le soutien des donateurs a permis à plus de de 50 mamans de profiter du programme directement afin que leur bébé puisse naître en santé et connaître un bon départ dans la vie.

Notre « membership » a bien changé au fil des ans.  Les décès et les démissions ont fait osciller le nombre de membres entre un pic de 237 jusqu’au nombre actuel de 72, soit presque l’équivalent de la première année du Cercle.

Nos Fermières  s’engagent aussi, bénévolement dans la communauté, au sein de multiples organismes, journées de la culture, expositions, salon du cadeau, etc.  Elles transmettent le patrimoine artisanal auprès des jeunes en les accompagnant dans la réalisation de projets à chaque année.

Le volet artisanal est sans doute le plus connu et le plus visible, et les réalisations sont souvent de pures merveilles!

On peut donc être fières d’appartenir à un Cercle local qui compte 87 ans d’existence et dont les membres sont actives, dynamiques et qui détiennent un savoir-faire qu’elles n’hésitent pas à partager avec les personnes intéressées.

Je lance donc une invitation à toutes celles qui souhaiteraient se joindre à nos activités.  Il y a de la place pour tous  les talents et toutes les compétences.

Les membres du conseil du Cercle de Fermières de Saint-Pamphile : Mme Gisèle L’Archer, secrétaire trésorière, Mme Jeannette Leclerc, Comité arts textiles, Mme Annette Rouleau, communications, Mme Nicole Fournier, présidente, Mme Liliane Dancause, Comité dossiers.