Communiqués

Les différents visages de la pauvreté

Par Diane Bérubé le .

Cet article fait partie d’une série de quelques textes qui vous illustreront, au cours des prochains mois, différents visages de la pauvreté. 
En effet, qu’est-ce que la pauvreté en 2013?  À quoi ressemble-t-elle?  C’est ce que le Groupe de Réflexion et d’Action contre la Pauvreté (GRAP) de Montmagny-L’Islet tentera de vous démontrer afin de sensibiliser la population et les élus à ce phénomène toujours très présent dans notre société actuelle.

Pauvreté et maladie mentale

Les personnes vivant avec la maladie mentale se retrouvent, bien malgré elles et pour la plupart, à devenir prestataires de la solidarité sociale.  Ce n’est pas par lâcheté, par paresse, par manque d’instruction ou d’éducation mais bien souvent à cause de la maladie et de ses séquelles.  La personne atteinte d’une maladie mentale doit souvent cesser ses études ou arrêter de travailler car la maladie, devenue omniprésente, les en empêche.  Ces personnes ne sont alors plus fonctionnelles et doivent prendre une médication à vie pour contrôler les symptômes de leur maladie et pouvoir amorcer, par la suite, un processus de rétablissement avec ses hauts et ses bas afin de pouvoir mener une vie comme tous les autres citoyens.  C’est un long cheminement et cela peut prendre un certain temps avant de trouver la bonne médication et le bon dosage.  Sans parler  des effets secondaires de ces médicaments (prise de poids, vision embrouillée, constipation, sécheresse de la bouche, étourdissement, tremblements, rigidité musculaire, etc) et des séquelles de la maladie à long terme sur les plans physique et psychologique (problème de concentration, plus grande fatiguabilité, isolement, diminution de la tolérance au stress, diminution de la confiance en soi et de l’estime de soi, etc).

Cela fait maintenant 18 ans que je cotoie quotidiennement des personnes souffrant de maladie mentale et je peux vous dire que ces personnes aimeraient bien mieux aller travailler ou étudier et «être comme tout le monde».  Elles donneraient tout pour se débarrasser de leur maladie qui leur cause diverses limitations.  Ce sont des personnes sensibles, généreuses, qui apprécient ce que l’on fait pour elles, des personnes courageuses, tenaces, qui se battent à tous les jours pour continuer à vivre.  Il leur en faut du courage pour vivre de la solidarité sociale lorsque l’on a déjà travaillé ou étudié.  Avec 918 $ par mois (si on est considéré avoir une contrainte sévère à l’emploi et que l’on est seul), comment joindre les 2 bouts si on doit payer un loyer de 400 $, payer le téléphone et le câble (services de base), l’électricité, l’épicerie…

Pour les personnes possédant une voiture, souvent usagée, il faut en plus payer le permis de conduire, les immatriculations, l’essence et l’entretien.  Nombreuses sont les personnes qui n’ont pas les moyens de se procurer une assurance pour leurs biens et encore moins une assurance-vie ou invalidité.  En cas d’incendie, ces gens peuvent perdre tout leurs biens.  Pour leur venir en aide, il y a les vestiaires communautaires où ils peuvent trouver des vêtements et des chaussures.  Il y a aussi les cuisines collectives qui leur permettent de se nourrir à prix modique et de tenir le coup jusqu’au prochain mois.  Le Dépano-meuble est utile pour trouver des meubles et des appareils électroménagers à petits prix.  Mais, voilà, ce n’est pas suffisant.  Nous, qui avons la chance de travailler, trouvons que la vie coûte de plus en plus cher.  Malgré les augmentations de salaires et les indexations au coût de la vie que nous recevons plus ou moins régulièrement, nous ne sommes pas plus riches au bout du compte.  C’est la même chose pour les personnes bénéficiant de la solidarité sociale : le montant qu’elles reçoivent mensuellement ne suit pas l’augmentation réelle du coût de la vie.  Donc, elles s’appauvrissent.

On dit qu’une personne sur 5 souffrira au cours de sa vie d’un problème de santé mentale et personne n’est à l’abri.  Cela pourrait arriver à n’importe qui.  Alors une des façons de venir en aide aux personnes atteintes de maladie mentale est de lutter ensemble pour contrer la pauvreté et ses effets.  En ayant de meilleures conditions de vie, ces personnes se porteront mieux et pourront arriver à se rétablir plus facilement.  Lorsque nos besoins de base sont comblés, nous pouvons alors passer à une autre étape.  Tout être humain a droit à un minimum de dignité alors je vous invite à appuyer toute action visant à contrer la pauvreté.

Bonne santé mentale!

Angèle Chouinard, Coordonnatrice
Les Nouveau Sentiers de la MRC de L’Islet
Membre du GRAP Montmagny-L’Islet